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La certification de l’AIIC sort des frontières

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2017/09/01/cna-certification-goes-international
sept. 01, 2017, Par: Rose Simpson
The invigilator team group picture
L’équipe de surveillants pour l’examen de certification à Dubaï en décembre 2016.

Un projet pilote sur deux ans pour apporter le Programme de certification de l’AIIC aux Émirats arabes unis retient l’attention dans le monde entier et a conduit à l’élaboration d’un module en ligne pour aider le personnel infirmier d’urgence, tant au Canada qu’à l’étranger, à préparer ses examens.

Le projet s’inscrivait dans un partenariat entre la Dubai Health Authority (DHA) et l’Association pour appliquer, dans un autre pays, nos normes pour les spécialités infirmières. L’AIIC s’occupe de certification depuis 26 ans, mais n’avait jamais offert ce programme à l’étranger.

Au total, 420 infirmières et infirmiers en soins d’urgence, en néphrologie et en soins intensifs pour adultes de Dubaï ont passé les examens dans ces spécialités entre 2014 et 2016. Sur ce groupe, 156 ont obtenu leur certification.

L’idée de ce projet est venue de Roxanne Nematollahi, infirmière et universitaire canadienne née en Iran et spécialiste de l’avancement professionnel du personnel infirmier et des sages-femmes à la DHA. Après avoir immigré au Canada, Mme Nematollahi a obtenu sa certification en soins infirmiers en oncologie en 1997.

« Quand je suis venue au Canada, j’avais des années d’expérience en oncologie, mais faute de certification, j’étais très limitée, se souvient-elle. Après avoir déménagé à Dubaï, j’ai vu que mon personnel infirmier était dans la même situation : personne ne reconnaissait sa spécialisation. Quelles que soient l’expérience et les connaissances que l’on possède en soins infirmiers, ce bout de papier est vraiment important. »

Mme Nematollahi a demandé à l’AIIC d’offrir l’examen de certification canadien à Dubaï et de la mettre en rapport avec des spécialistes de la formation en soins infirmiers d’urgence.

Une contribution mondiale

Sa demande a été accueillie avec enthousiasme par l’AIIC, ses dirigeants voyant dans le projet de Dubaï une façon de tester les améliorations récemment apportées au programme de certification.

« Deux études opérationnelles avaient été réalisées au cours des cinq dernières années, et les deux avaient conclu que le programme devait être modifié, raconte Patricia Elliott-Miller, chef administrative, Certification et perfectionnement professionnel, à l’AIIC. On trouvait qu’il fallait étudier d’autres possibilités de développement et de flexibilité pour répondre aux besoins de ceux qui l’avaient demandé. »

L’expansion mondiale du programme était aussi, pour l’AIIC, une façon de contribuer de façon significative à l’amélioration des résultats sur la santé.

On a demandé à Gordon Boal de diriger le projet, car cet ancien associé chez KPMG possède une vaste expérience sur la scène internationale. Il a collaboré avec Mme Nematollahi et 15 experts de la DHA pour adapter les examens à la situation de Dubaï.

La difficulté était de produire, pour chacune des trois spécialités, un examen international qui reposerait sur les modèles d’examens de l’AIIC, respecterait les normes canadiennes et tiendrait compte des sensibilités culturelles et professionnelles des infirmières et infirmiers qui travaillent dans un autre pays.

« Nous avons scruté chaque question et réponse des examens canadiens pour détecter ce qui pourrait être embarrassant ou source de conflit ou de malentendu en raison de questions culturelles ou linguistiques, ou encore d’unités de mesure ou de pratiques infirmières différentes, énumère M. Boal. Nous avons fini par modifier les examens dans les limites des principes psychométriques, dans un souci de fiabilité, de validité et de légitimité. » 

On a jugé certaines questions déplacées d’un point de vue culturel, dont celles sur les soins palliatifs.

« Les soins palliatifs ne sont pas officiellement pleinement pratiqués dans nos hôpitaux, explique Mme Nematollahi. L’examen canadien comportait des questions sur les directives préalables et les ordonnances de ne pas réanimer, qui constituent des dilemmes éthiques et que l’organisme de réglementation n’approuve pas à l’heure actuelle. Nos infirmières et infirmiers ne disposent pas d’une bonne compréhension et d’orientations claires à ce sujet, et ces décisions sont problématiques. »

Une autre grande différence entre les examens canadiens et internationaux tient aux qualifications du personnel infirmier. Au Canada, c’est l’AIIC qui détermine qui peut passer l’examen; à Dubaï, c’est la DHA.

Pendant que l’examen pour les soins infirmiers d’urgence était à l’étude, M. Boal animait des discussions de soutien pour les infirmières et infirmiers de la DHA qui allaient le passer.

L’Association nationale des infirmières et infirmiers d’urgence (NENA), un organisme canadien, a proposé quelques membres pour élaborer et animer un atelier de deux jours.

Margaret Dymond comptait parmi les membres proposés. Infirmière clinicienne enseignante à l’Université de l’Alberta/Stollery Children’s Hospital depuis 22 ans, elle est directrice de la formation et des études pour la NENA.

« À la première séance [de l’atelier de deux jours], il y avait une foule de gens, se souvient-elle. Nous avons demandé à ceux qui avaient déjà suivi certains cours de lever la main. Les autres ont compris qu’une préparation supplémentaire leur serait nécessaire. »

Après cette séance, la DHA a décidé de réduire le nombre de participants aux ateliers et a demandé une formule interactive.

La seconde formule était plus efficace, constate Mme Dymond.

« Une fois que les infirmières et infirmiers ont appris à nous faire confiance et compris que nous ne les jugions pas, ils ont davantage participé. Et l’un des plus grands avantages était la présence, en salle de cours, de leurs formateurs en sciences infirmières, qui ont vu comment offrir [ces séances] eux-mêmes. »

Mme Nematollahi affirme avoir remarqué une grande différence dans les infirmières et infirmiers qui ont obtenu leur certification.

« Ils éprouvent une telle fierté, se réjouit-elle. Ils se sentent davantage respectés, surtout par les médecins. »

Si le projet pilote de Dubaï a été jugé concluant, il a cependant été mis en veilleuse pour permettre aux nouveaux directeurs de la DHA de décider quelle suite lui donner.

Néanmoins, l’AIIC ayant réussi à adapter son programme aux besoins spécifiques, à la culture et à la pratique infirmière de Dubaï, l’Association a signé un contrat avec un établissement de soins de santé à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis. Près de 75 infirmières et infirmiers dans trois spécialités – gastroentérologie, périanesthésie et soins intensifs – passeront leurs examens de certification en décembre.

D’autres pays ont aussi manifesté leur intérêt.

Des avantages ici aussi

Les infirmières et infirmiers d’ici aussi ont profité de l’expérience. Après la première séance à Dubaï, Mme Dymond s’est rendu compte qu’un module en ligne comblerait une lacune pour les personnes qui passent les examens en soins infirmiers d’urgence.

« J’avais tellement investi dans la préparation du matériel pour ces trois séances que je ne voulais pas voir ce travail servir une seule fois, explique-t-elle. J’ai donc transformé ma présentation PowerPoint en liste de questions et réponses, avec des scénarios, et j’ai trouvé une plateforme web à laquelle pourraient accéder tous les infirmiers et infirmières avec un appareil électronique. »

Le module en ligne, accessible depuis l’automne 2016, est gratuit pour les infirmières et infirmiers qui préparent l’examen de certification en soins d’urgence, où qu’ils soient dans le monde. Mme Dymond travaille maintenant avec un comité de certification à la NENA qui examine le matériel proposé pour le rendre encore plus utile pour le personnel infirmier en soins d’urgence.

« Ce que Margaret a fait, c’est tiré des enseignements de son expérience à Dubaï pour aider les infirmières et infirmiers ici », résume Mme Elliott-Miller.

Mme Dymond éprouve de la satisfaction d’avoir fait sa part en donnant au personnel infirmier un nouvel outil pour l’aider à obtenir la certification. L’outil est déjà utilisé dans 13 pays.

Pour accéder au module en ligne, allez sur nena.ca/courses.


Rose Simpson est journaliste indépendante à Ottawa.

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