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Un peu de gentillesse : une dirigeante en soins infirmiers formée à l’étranger encourage le mentorat et l’empathie

  
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Phoebe Chometa trouve de la joie et de l’inspiration en « donnant les moyens d’agir aux recrues en soins infirmiers »

Par Laura Eggertson
6 octobre 2025
Gracieuseté de Phoebe Chometa
Phoebe Chometa a d’abord eu de la difficulté à son arrivée au Canada, mais elle s’est concentrée sur son rêve de devenir une meilleure infirmière, en visualisant son objectif de devenir dirigeante en soins infirmiers. Et elle s’est fait la promesse de mettre à profit son expérience. « Je me suis dit qu’un jour, si je surmonte cette épreuve, je veillerais à aider les recrues en soins infirmiers. Aucune infirmière ou aucun infirmier ne devrait craindre d’entreprendre une carrière », dit-elle.

Lorsque Phoebe Chometa voit les infirmières et infirmiers formés à l’étranger qu’elle a encadrés et guidés réussir, elle sait que sa transition difficile vers le système de soins de santé canadien en valait la peine.

« Lorsque je suis en mesure de donner les moyens aux recrues en soins infirmiers et de les voir évoluer sous ma supervision, mon orientation et ma direction, et de transmettre les valeurs que j’ai apprises durant mon parcours en soins infirmiers, j’en ressens de la joie et de l’inspiration », dit-elle.

Phoebe Chometa, 53 ans, a récemment été nommée gestionnaire des soins médicaux de jour et de l’endoscopie à l’hôpital St. Paul et à l’hôpital universitaire royal de Saskatoon. Auparavant, elle était gestionnaire des soins infirmiers dans une unité de chirurgie vasculaire et thoracique et en ostomie et soins des plaies à l’hôpital St. Paul’s.

Elle est arrivée en Saskatchewan il y a 16 ans, après une décennie de pratique infirmière au Moyen-Orient. Elle a obtenu son baccalauréat en sciences infirmières aux Philippines, son pays d’origine. Pendant son séjour au Moyen-Orient, elle a travaillé en salle d’opération et en milieu périopératoire, ainsi qu’en endoscopie et dans l’unité de soins post-anesthésie.

Après avoir visité une amie à Regina et exploré les principales villes du Canada de l’ouest en est en 2007, Phoebe a eu un coup de cœur pour Saskatoon et a décidé d’y rester pour de bon, malgré la perspective intimidante des hivers canadiens.

« J’étais certaine de ne pas vouloir conduire en hiver », dit-elle en riant.

Mais les hivers n’étaient pas l’aspect le plus difficile de sa nouvelle vie. C’était la transition dans un nouveau pays et un nouveau système de soins de santé qui était éprouvant.

Lorsque Phoebe a franchi pour la première fois les portes de son lieu de travail canadien, à l’hôpital St. Paul’s, elle s’est exclamée : « Les Canadiens ont de la chance, car ils n’ont pas besoin d’aller loin pour se construire une carrière et un avenir. » Elle était remplie d’espoir et débordait d’enthousiasme à l’idée de se joindre à sa nouvelle équipe au Canada.

Lorsqu’elle a commencé à travailler comme infirmière en chirurgie générale (car il n’y avait pas de poste d’infirmière en salle d’opération disponible à l’époque), elle a réalisé que c’était un monde totalement nouveau et différent pour elle.

Elle a remarqué que le temps de formation était insuffisant pour apprendre les politiques, les procédures, les soins pour les types courants de chirurgies ou tout ce qui concernait le système de soins de santé canadien. Pendant les sept quarts de travail qu’elle a assumé, elle était « jumelée » chaque fois avec une infirmière différente.

Elle comparait sa nouvelle situation à son emploi précédent au Moyen-Orient, qui était bien soutenu avec l’intégration et le mentorat pendant trois mois, y compris avec deux membres du personnel chevronnés dévoués. « Je me suis dit que l’établissement n’était peut-être pas habitué à embaucher des travailleuses étrangères », a-t-elle pensé.

La communication était aussi une embûche. Même si sa formation en soins infirmiers s’était entièrement déroulée en anglais, et qu’elle avait dû passer un examen d’anglais avant d’obtenir son permis d’exercice en Saskatchewan, c’était tout un défi, car elle ne connaissait pas les expressions familières et l’argot que ses nouvelles collègues utilisaient au travail.

Par exemple, un jour, une patiente lui a dit : « J’ai besoin d’aller au petit coin. » Elle a dû quitter la patiente et trouver quelqu’un à qui demander ce que voulait dire « le petit coin ».

« Mes collègues et mes patients avaient du mal à comprendre mon accent. » Phoebe parle trois langues et cinq dialectes des Philippines. Ne se laissant pas décourager, elle a saisi toutes les occasions qui se présentaient pour pratiquer l’anglais conversationnel, tout en s’enregistrant et en se réécoutant pour identifier les points à améliorer. Elle a fini par se procurer un dictionnaire urbain de la Saskatchewan.

Journal de gratitude

Sans amies et connaissances, et nouvelle dans la communauté, Phoebe se sentait isolée. Elle travaillait par quarts de 12 heures et quand elle avait du temps de libre, elle le passait seule dans son appartement. Quand elle appelait sa famille, elle était souvent en larmes. Son père lui a rappelé que lors de son premier emploi à l’étranger, elle était découragée. Phoebe a commencé à tenir un journal de gratitude. Elle y notait la beauté de la rivière Saskatchewan Sud, où elle adorait marcher; le plaisir de prendre son déjeuner dans le parc et la paix qu’elle ressentait lorsqu’elle conduisait en campagne. « J’ai également écrit sur mes progrès au travail, même l’aide que j’ai apportée à une collègue à mettre en place une perfusion intraveineuse », explique Phoebe.

Elle s’est concentrée sur son rêve de devenir une meilleure infirmière, a visualisé le leadership comme objectif et s’est fait la promesse de mettre à profit son expérience à partir de ce moment. « Je me suis dit qu’un jour, si je surmonte cette épreuve, je veillerais à aider les nouveaux membres du personnel infirmier.

Aucune infirmière ou aucun infirmier ne devrait craindre d’entreprendre une carrière », dit-elle.

Maintenant, à titre de gestionnaire de plus de 85 infirmières et infirmiers et de 20 membres du personnel de soutien, Phoebe tient cette promesse. Elle a conçu un programme d’intégration fondé sur les besoins évolutifs des recrues en soins infirmiers et les exigences des soins de santé dans notre monde post-pandémique. Le maintien en poste du personnel est à un niveau record et il n’y a pas de postes vacants pour les infirmières et infirmiers autorisés.

Phoebe a également fait partie de l’équipe de recrutement de la régie sanitaire de la Saskatchewan, une initiative du ministère de la Santé, qui s’est rendue deux fois aux Philippines. Elle a mis à profit ses connaissances des systèmes de soins de santé philippin et canadien pour aider les candidates et candidats à trouver un emploi en Saskatchewan.

Le 11 mai 2023, elle a reçu la Médaille du jubilé de platine de la reine Elizabeth II pour son apport important à la province de la Saskatchewan.

Système de jumelage

Les infirmières et infirmiers formés à l’étranger et les recrues qui viennent de recevoir leur diplôme et qui se joignent à l’unité de Phoebe sont maintenant jumelés à une infirmière ou un infirmier qui les « accompagnent » pendant 9 à 12 jours. Avant de se voir assigner une patiente ou un patient, ces recrues peuvent se prévaloir d’un total de 56 heures de formation et de huit heures de familiarisation avec l’unité, dont une chasse au trésor.

Ce recrues apprennent les rôles de toutes les catégories de soins infirmiers dans l’unité et se familiarisent avec les technologies dont elles se serviront au travail. Elles ont ainsi « le temps d’apprendre à connaître leurs collègues », explique Phoebe.

Phoebe estime que l’intégration est un moment crucial. C’est l’occasion pour les recrues de faire connaissance avec tout le monde et d’exprimer clairement leurs attentes, ce qui définit la vision de leur pratique.

Les compliments sont essentiels

Avant tout, Phoebe veille à ce que les félicitations soient faites au fur et à mesure des réalisations et des progrès de son personnel, afin que celui-ci ne soit pas accablé par les critiques qui l’ont découragée au départ.

« Même une vérification de cinq minutes peut changer les choses », déclare Phoebe.

Les vérifications avec les membres du personnel sont des moments où elle peut apprendre à les connaître et leur faire part de leurs progrès, notamment en soulignant leurs points forts et en les aidant à atteindre leurs objectifs de carrière. Phoebe explique que les recrues de son unité commencent par être novices, deviennent préceptrices ou précepteurs, reçoivent une formation pour prendre en charge des patients à haut niveau d’acuité, puis deviennent infirmières ou infirmiers de relais en charge. Le fait de les voir progresser valide son style de gestion, dit-elle.

Phoebe soutient aussi son équipe en organisant des activités, comme un repas-partage et des journées ludiques. Ces événements permettent de tisser des liens d’amitié entre les membres de l’équipe hors du lieu de travail et de faire en sorte que les recrues se sentent moins isolées qu’elle ne l’était.

« Apprendre à connaître son personnel, et pas seulement en tant que travailleuses et travailleurs, permet de les maintenir en poste », explique Phoebe.

En tant que gestionnaire, Phoebe doit respecter le budget, résoudre les problèmes en cas de crise, gérer les ressources humaines et assurer la sécurité des patients et des membres du personnel. Elle doit également se tenir au courant des nouvelles tendances, comme la récente chirurgie robotique thoracique, et collaborer avec l’infirmière clinicienne enseignante sur la formation et les compétences du personnel.

Mais pour elle, « le plus grand défi est de faire évoluer son personnel », dit-elle.

Écouter son équipe et demander de l’aide est essentiel, ajoute-t-elle.

Demander de l’aide

« Même en tant que dirigeante, je suis très ouverte au fait que je dois aussi me perfectionner et que j’ai parfois besoin d’aide. Les dirigeantes et dirigeants sont aussi submergés de tâches. Savoir ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire et demander de l’aide à son équipe n’est pas une forme de faiblesse chez une ou un gestionnaire, selon moi. Je pense que c’est nécessaire pour pouvoir travailler de façon concertée en tant qu’équipe. »

Ce travail d’équipe peut consister à aider l’un des membres du personnel d’entretien ou l’infirmière auxiliaire au besoin, explique Phoebe.

« Un peu de gentillesse peut mener loin, et c’est de cette façon que l’on construit des relations. On ne peut pas pratiquer les soins infirmiers en solo », souligne-t-elle.

À la maison, Phoebe est reconnaissante du soutien qu’elle reçoit de son mari qui comprend parfaitement les défis de son travail. James Chometa est aussi infirmier autorisé et dirige l’unité de soins intensifs de l’hôpital St. Paul’s.

Pendant les jours les plus éprouvants de la pandémie de COVID-19, leurs horaires de travail différents les empêchaient souvent de passer du temps ensemble, dit-elle. Maintenant que le pire et le stress sont loin derrière, ils se rattrapent en voyageant (leur dernier voyage étant en Turquie). Ils aiment aussi jouer au pickleball avec des amis et passer du temps avec leurs deux chiens, Ruby et Nina.

Phoebe espère que le fait de relater son histoire aidera les nouvelles diplômées et nouveaux diplômés en soins infirmiers, qu’ils soient formés à l’étranger ou au pays, à se sentir inspirés, plutôt qu’isolés.

Parfois, surtout en hiver, elle a encore le mal du pays et les Philippines lui manquent.

« Il m’arrive aussi de me demander pourquoi je suis ici et je me questionne sur les raisons qui sous-tendent ce que je fais. Mais quand ça arrive, je me remémore toujours les moments où j’ai pris la décision consciente de changer et de faire bouger les choses pour ma carrière. Je me rappelle que ma passion est de donner les moyens d’agir aux recrues en soins infirmiers qui s’occuperont de nous (un jour) », dit-elle en souriant.

Ses derniers mots sages à l’intention des recrues en soins infirmiers? « Visualisez les moyens d’arriver à vos fins. Permettez-vous de rêver. Saisissez chaque occasion d’améliorer vos compétences et ne vous contentez jamais de moins. Travaillez inlassablement et du fond du cœur. Montrez-vous sincères envers les gens qui vous entourent et les personnes que vous servez. Et n’oubliez jamais d’exprimer votre gratitude aux personnes qui vous ont aidé à arriver là où vous êtes ».


Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville, en Nouvelle-Écosse.

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