https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2025/09/22/answering-the-call
J’aurai toujours les soins infirmiers dans le sang et je veux soutenir la prochaine génération.
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Les familles ont besoin d’un soutien émotionnel, de renseignements et de conseils en prévision des événements qui vont se dérouler, afin d’assurer leur propre confort et leur propre paix et d’éviter les souffrances inutiles. On favorise ainsi le processus de guérison pendant et après le décès de l’être cher.
« Qu’est-ce qui vous pousse à continuer à exercer la profession infirmière après tant d’années? »
C’est la question que m’a posée une voisine après que je lui ai dit que j’envisagerais « de m’adonner encore un peu à la pratique infirmière ». Il était difficile de lui donner une réponse rapide et facile. Je n’ai pu que répondre : « C’est une bonne question à laquelle je dois réfléchir ». Et la question m’est restée en tête. J’y ai réfléchi encore un peu plus. Après tout, ce n’était pas la première fois que je prenais ma retraite. Et chaque fois que je me suis retirée de la profession infirmière, je suis revenue en réalisant que j’avais seulement besoin de me reposer d’une lourde charge de travail, de la fatigue et de la bureaucratie. Je pensais que cette fois-ci serait différente.
Gracieuseté de Terry Webber
« Ma passion pour les soins infirmiers consiste désormais à fournir des soins aux personnes nécessitant une démarche palliative, en gardant à l’esprit leurs besoins physiques, mentaux, psychologiques, culturels, développementaux et spirituels », explique Terry Webber.
J’avais tort.
Je suis étonnée d’entendre encore l’« appel » à prodiguer des soins infirmiers après 47 ans de carrière. Je comprends que certains membres du personnel infirmier ne considèrent pas cela comme une « vocation » pour des raisons valables dont j’ai moi-même fait l’expérience. Pourtant, l’appel des soins infirmiers revient.
Pour moi, l’« appel » consiste à prendre soin d’une personne de façon que seule la profession infirmière peut offrir. J’ai travaillé en Ontario et dans certaines régions de la Colombie-Britannique. J’ai occupé des postes en soins intensifs, en soins palliatifs et dans d’autres types de soins. J’ai travaillé dans des hôpitaux, à domicile, dans des résidences de soins palliatifs et des centres de soins communautaires. Personne ne m’empêche de prendre ma retraite. Mais quelque chose me retient ici. C’est parce qu’au plus profond de moi-même, je suis une infirmière.
Pourquoi est-ce que j’entends toujours l’appel des soins infirmiers?
La réflexion étant l’une des compétences pratiques des membres du personnel infirmier, j’ai entamé le processus de réflexion pour me comprendre et comprendre pourquoi je voulais continuer à répondre à l’appel de la pratique infirmière à ce stade de ma vie. Je me suis d’abord attelée à définir les soins tels que je les connais dans la profession infirmière et à examiner comment cette définition des soins est liée à ma pratique infirmière.
Sœur Simone Roach, dans sa recherche en 1992 sur la signification des soins, a décrit que si les soins ont des racines innées chez tous les humains, le cœur des soins infirmiers provient de ce que nous faisons (à la fois les compétences et les techniques et le langage que nous utilisons en tant qu’infirmières et infirmiers pour décrire ces compétences et techniques) et de la manière dont nous faisons ce que nous faisons (2002).
Six des sept principes que Sœur Simone Roach décrit comme des attributs des soins sont la compassion, la compétence, la conscience, la confiance, la créativité et l’engagement, qui se passent d’explication. Le septième principe des soins est le comportement, qui décrit la façon dont nous agissons. Par exemple, il ne s’agit pas seulement de ce que nous allons dire aux gens lorsque nous sommes sur le point de leur révéler une mauvaise nouvelle. Il s’agit de la façon dont nous entrons dans la pièce, dont nous nous asseyons pour être à la hauteur des yeux, dont nous gardons les bras et les mains ouverts, dont nous parlons lentement et faisons des pauses lorsque nécessaire, en écoutant et en observant les signes qui nous indiquent qu’il faille modifier ce que nous faisons ou ce que nous disons. Il s’agit d’insuffler une énergie bienfaisante dans la pièce, plutôt que de l’en retirer.
Lorsque l’infirmière ou l’infirmier fait preuve de ces qualités de bienveillance, l’art et la science de nos soins se fusionnent, donnant à la personne les moyens non seulement de faire face à la maladie et à la souffrance et de s’en remettre, mais aussi d’éprouver du confort, le mieux-être et la guérison, même lorsque cette personne est sur le point de mourir.
C’est le but que je me suis donné dans ma pratique infirmière, quel que soit le domaine dans lequel je travaillais, pour la patiente ou le patient, la famille ou les collègues en soins infirmiers. Les rétroactions positives envers mes efforts m’ont suivie tout au long de ma carrière. Je me suis sentie humble et heureuse d’être sur la bonne voie.
Abordons maintenant le domaine dans lequel je veux travailler à ce stade-ci de ma carrière.
Adopter une démarche palliative des soins
Je suis certaine de ne pas vouloir être infirmière dans un service surchargé avec plus de patients que je ne peux raisonnablement et en toute sécurité soigner, comme je l’ai fait pendant tant d’années au cours de ma carrière. À cette étape de mon parcours, les soins ne s’accompagnent plus d’appareils ou d’accessoires auxquels la personne est reliée, ce à quoi ressemblait la première moitié de ma carrière en tant qu’infirmière en soins intensifs.
Je suis grandement reconnaissante d’avoir pu aider des personnes à passer de l’état de mort imminente à celui de rétablissement, en apprenant, grâce à une formation spécialisée, à des pairs spécialistes et à une expérience pratique, la nécessité de porter attention aux changements les plus subtils dans les symptômes d’une personne afin d’éviter une nouvelle crise de santé dans un état déjà compromis. Ce type de soins infirmiers exige des compétences méticuleuses en matière d’évaluation et de surveillance, un signalement immédiat et une intervention rapide. Ces étapes du processus des soins infirmiers allaient servir de cadre de base pour les soins, quel que soit le domaine que j’intégrerais.
Ma passion pour les soins infirmiers consiste désormais à fournir des soins aux personnes nécessitant une démarche palliative, en gardant à l’esprit leurs besoins physiques, mentaux, psychologiques, culturels, développementaux et spirituels, ainsi que leurs objectifs et souhaits, et en les réévaluant au fur et à mesure que leur état évolue.
Certains diront qu’il n’y a pas grand-chose à faire pour une personne dont l’état est palliatif. C’est pourtant le contraire, il y a tant à faire! Il y a la composante physique, comme le fait de tenir à distance les symptômes de la souffrance, laquelle exige beaucoup de travail. Être témoin de la douleur et la prendre en charge n’est pas une tâche facile. D’autres symptômes (comme l’essoufflement) ou des états (comme l’agitation terminale) peuvent atteindre des niveaux qui causent une grande souffrance. Il est primordial de s’attaquer aux symptômes avant que les symptômes ne s’attaquent à la personne. Compétence, calme, compassion et confiance sont nécessaires pour accompagner la personne jusqu’à ce que la tempête soit passée et que la mer soit redevenue calme. La communication et la coordination avec les autres sont essentielles.
Les soins palliatifs nécessitent aussi de réagir aux besoins de l’aidant(e) familial(le). Les familles ont besoin d’un soutien émotionnel, de renseignements et de conseils en prévision des événements qui vont se dérouler, afin d’assurer leur propre confort et leur propre paix et d’éviter les souffrances inutiles. On favorise ainsi le processus de guérison pendant et après le décès de l’être cher.
Selon mes collègues, je possède toujours les compétences nécessaires pour prendre soin d’une personne en fin de vie. Je continuerai à prendre des mesures pour m’assurer que la façon dont j’exerce est fondée sur les pratiques optimales, grâce à un apprentissage continu auprès de spécialistes en soins palliatifs.
En offrant les derniers dons de réconfort à une personne qui quitte ce monde, les bienfaits que j’en ai retirés au cours des 25 dernières années sont innombrables. Lorsque les soins sont prodigués en utilisant les principes des soins décrits par Sœur Simone Roach (2002), je ressens en moi une tranquillité semblable à ce que procure l’observation du soleil lorsqu’il traverse les nuages et s’étale dans le vaste ciel en prenant des formes et des couleurs magnifiques. Vous vous rendez compte que dans le miracle de dame Nature, quelque chose de puissant se produit, un flux et un reflux de la vie qui respire à travers vous et avec vous de façon puissante. Pour moi, ce pouvoir est l’amour. L’expérience de cette puissance m’encourage à poursuivre les soins infirmiers dans leur forme la plus raffinée.
De retour à ma question : pourquoi est-ce que je pratique encore?
Ai-je répondu à la question : « Qu’est-ce qui me pousse à continuer à pratiquer en soins infirmiers après tant d’années? » Ou la nouvelle question qui me préoccupe aujourd’hui est-elle plus valide? « Est-il temps de prendre une retraite complète cette fois-ci? »
Cet exercice m’a permis de confirmer que la profession infirmière fait encore partie de moi. Il m’a également permis de cerner une raison supplémentaire de rester.
Si les patients ont toujours été au centre des préoccupations, la priorité doit être donnée au soutien des infirmières et infirmiers et de la profession infirmière. Compte tenu de la pénurie sans précédent des membres du personnel infirmier et de la rareté du mentorat, en particulier dans le domaine de la transmission des connaissances, il y a un grand besoin d’infirmières et d’infirmiers spécialisés dans leur domaine pour soutenir les nouveaux membres du personnel, leur permettre de s’épanouir dans le climat actuel des soins infirmiers et ainsi préserver la santé de notre système de soins infirmiers. Qui de mieux que les membres du personnel infirmier semi-retraités pour soutenir ces causes?
À l’heure actuelle, l’appel de la pratique et du pouvoir des soins infirmiers se fait encore. Je dois y répondre, de quelque manière que ce soit.
Alors que je renouvelle mon permis d’exercice pour une autre année, il y a un autre principe lié aux soins qui sera nécessaire. C’est le courage qui me permettra de continuer à accomplir les tâches qui m’attendent. Il y a encore tant à faire.
Référence
Roach, M. S. Caring, the human mode of being: A blueprint for the health professions (2e édition révisée). Ottawa: Canadian Healthcare Association Press, 2002. Copie des archives de Caring in Nursing, Christine E. Lynn College of Nursing, Florida Atlantic University, ARC-005 Sister M. Simone Roach Papers, 1958-2005, utilisé avec permission. https://www.fau.edu/nursing/documents/caring-the-human-mode-of-being.pdf
Terry Webber, inf. aut., B. Sc. inf. (soins infirmiers psychiatriques), était auparavant infirmière psychiatrique autorisée et infirmière certifiée par l’AIIC en soins palliatifs. Elle a aussi reçu en 2014 le prix d’excellence en soins infirmiers du College of Registered Nurses of British Columbia pour sa pratique clinique en soins palliatifs. Elle défend la valeur de ce que les membres du personnel infirmier à la retraite peuvent apporter au système de santé par l’entremise de son bénévolat auprès de Nurses and Nurse Practitioners of BC (NNPBC), dans le but de créer un réseau de membres du personnel infirmier à la retraite, ainsi qu’un espace où celles et ceux qui le désirent et ont les capacités peuvent rester en contact et accéder à des renseignements, des outils, des ressources et du soutien.
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