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Kimberly LeBlanc maintient sa pratique en tant que spécialiste des soins des plaies, des stomies et de l’incontinence pour aider les gens à « reprendre le contrôle de leur propre vie ».
Par Laura Eggertson
28 juillet 2025
Kimberly LeBlanc, présidente de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC), dit que, « la grande partie de notre travail se fait actuellement en coulisses, pour nous assurer que nous avons un conseil inclusif qui représente toutes les catégories d’infirmières et d’infirmiers, mais qui est aussi axé sur les compétences, afin de faire progresser l’AIIC. »
Kimberly LeBlanc a une vision pour l’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC).
En tant que présidente de l’AIIC depuis juin 2024, elle se consacre à la mise en place d’un nouveau modèle de gouvernance qui restructura et modernisera l’organisation nationale des soins infirmiers, afin d’assurer qu’elle représente la réalité du paysage infirmier du Canada d’aujourd’hui.
« La plus grande partie de notre travail se fait actuellement en coulisses, pour nous assurer que nous avons un conseil inclusif qui représente toutes les catégories d’infirmières et d’infirmiers, mais qui est aussi axé sur les compétences, afin de faire progresser l’AIIC », explique Kimberly LeBlanc.
Jusqu’en 2018, les membres du conseil d’administration de l’AIIC n’étaient représentés que par des infirmières ou infirmiers autorisés ou des infirmières ou infirmiers praticiens. « Grâce à la prévoyance stratégique de mes prédécesseurs, la composition de l’AIIC a été élargie pour inclure tous les membres et faire état des divers rôles de l’ensemble des infirmières et infirmiers au sein du système de santé canadien », explique Kimberly LeBlanc.
Sous la direction de Kimberly LeBlanc, l’organisation travaille inlassablement pour s’assurer que son conseil d’administration soit composé de membres de diverses cultures provenant de partout au Canada représentant des infirmières et infirmiers auxiliaires autorisés (IAA), des infirmières et infirmiers autorisés (IA), des infirmières et infirmiers psychiatriques autorisés (IPA) et des infirmières et infirmiers praticiens (IP), qui jouent toutes et tous un rôle essentiel dans le système de soins de santé du Canada.
Le conseil fondé sur les compétences dont elle est à la barre travaille discrètement, dit-elle, à réécrire « systématiquement et délibérément » ses statuts et à moderniser sa structure de gouvernance afin que l’organisation soit viable.
« Si nous voulons représenter les soins infirmiers au Canada, nous devons nous assurer que notre conseil d’administration soit à l’image des infirmières et infirmiers du Canada, dit Kimberly LeBlanc. Il existe une diversité de catégories infirmières au Canada. Il est important pour le personnel infirmier et pour public de comprendre que nous faisons toutes et tous partie de la même profession et que nous travaillons à l’amélioration des déterminants sociaux de la santé pour les Canadiennes et Canadiens. » La bonification de l’expertise infirmière et de l’expérience au sein du conseil d’administration aux côtés d’autres professionnels (p. ex. en comptabilité ou en opérations commerciales), des personnes ayant une expérience pratique et des représentantes ou représentants du public, fera également partie du nouveau modèle de gouvernance.
Démanteler les obstacles à la mobilité
La nécessité de démanteler les obstacles à la mobilité de la main-d’œuvre au Canada et de permettre aux infirmières et infirmiers de travailler dans la pleine mesure de leur champ d’activité légiféré figure en tête de liste des enjeux de plaidoyer de l’AIIC. Ayant grandi à Saint John, au Nouveau-Brunswick, avant de déménager à Montréal pour étudier les sciences infirmières à l’Université McGill, Kimberly Leblanc sait que les membres aimeraient voir une harmonisation pancanadienne de la réglementation des soins infirmiers, ce qui, d’après sa propre expérience, serait bénéfique à la fois pour les membres du personnel infirmier et pour le système de soins de santé.
Dans sa propre pratique en tant que spécialiste des soins des plaies, des stomies et de l’incontinence, Kimberly LeBlanc doit entre autres satisfaire à des exigences en matière de formation et d’inscription et payer des frais à l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario et à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour pouvoir travailler dans les deux provinces.
« À l’heure actuelle, les coûts sont prohibitifs pour le personnel infirmier », dit-elle.
Elle souligne que la reconnaissance des diplômes des infirmières et infirmiers formés à l’étranger varie considérablement d’un ordre de réglementation à l’autre, selon la province ou le territoire où l’on souhaite travailler.
Ces restrictions à la mobilité des infirmières et infirmiers n’ont pas suivi le rythme des besoins urgents en matière de soins de santé, ajoute-t-elle.
« S’il y a une chose que la pandémie de COVID-19 et les incendies de forêt nous ont apprise, c’est l’importance de la mobilité pour le personnel infirmier », affirme Kimberly LeBlanc.
Sous sa direction, l’AIIC continue également de plaider en faveur de la protection des soins de santé universels et du poste d’infirmière en chef du Canada qu’occupe Leigh Chapman.
Selon Kimberly Leblanc, « il est très important d’avoir une infirmière nationale à ce niveau ».
Le plaidoyer politique est une nouveauté pour Kimberly LeBlanc, qui est une clinicienne dans l’âme. La défense des intérêts des patients, en revanche, est son point fort. En plus de son travail à l’AIIC, elle est consultante dans le secteur des soins de longue durée, où elle forme le personnel à la prévention et à la prise en charge des plaies, des stomies et de l’incontinence. Une fois par mois, elle dirige également une clinique de traitement des plaies, des stomies et de l’incontinence. Elle travaille avec les hôpitaux communautaires sur demande.
Diriger la clinique est l’un des rôles les plus valorisants que Kimberly LeBlanc ait jamais assumé.
Les personnes qui vivent avec une stomie mènent souvent une vie restreinte parce qu’elles ont peur que leur appareil fuie pendant les moments intimes avec leur partenaire, au travail, en voyage ou lors d’une occasion sociale, dit-elle. Souvent, ses patients ont peur de quitter leur domicile.
Jusqu’à ce qu’ils soient orientés vers sa clinique, ils ne savent pas que les infirmières et infirmiers qui sont spécialistes en soin des stomies utilisent des appareils spécialisés, des pâtes, des produits de remplissage et des ceintures pour créer une meilleure étanchéité pour la stomie d’une patiente ou d’un patient, empêchant ainsi les fuites.
« Nous pouvons avoir une grande influence sur la vie des gens, fait observer Kimberly LeBlanc. À chaque séance, quelqu’un vient me dire : “Merci beaucoup, vous m’avez permis de reprendre ma vie en main”. »
Kimberly LeBlanc, qui est aussi présidente de l’Institut des plaies, des stomies et de la continence, détenu et exploité par l’association Infirmières spécialisées en plaies, stomies et continence Canada (ISPSCC), supervise les programmes pédagogiques de l’ISPSCC conçus pour offrir une formation avancée en soins des plaies, des stomies et de l’incontinence, y compris le Programme de formation des plaies, stomies et continence (PF-PSC). Le PF-PSC prépare les infirmières et infirmiers autorisés à passer l’examen de certification PSCC(C) de l’AIIC et à assumer des rôles d’infirmière ou d’infirmier spécialiste. Le Programme Skin Wellness Associate Nurse (SWAN) prépare les infirmières et infirmiers auxiliaires à assumer des rôles de leadership dans le domaine des plaies, des stomies et de l’incontinence.
Reprendre le contrôle
« Nous consacrons beaucoup de temps à la consultation et à la sensibilisation, dit-elle. J’adore cet aspect; c’est l’une des meilleures parties de mon travail : passer du temps avec ces personnes et les voir reprendre le contrôle de leur vie. »
Surtout, elle aide ses patients à comprendre que, même si le gouvernement canadien considère la stomie comme un handicap, « il n’y a rien qu’ils ne puissent pas faire avec une stomie qu’ils ne pouvaient pas faire avant. »
Kimberly LeBlanc travaille aussi avec les patients, les infirmières et infirmiers et le personnel des soins continus pour traiter l’incontinence, un autre domaine où elle a été témoin d’une stigmatisation débilitante. L’incontinence est un sujet tabou qui isole les gens et les pousse souvent vers les soins de longue durée, dit-elle.
« La réalité est qu’il y a des exercices et des mesures à prendre pour aider à la prise en charge de l’incontinence pour les hommes et les femmes, dit-elle. Nous pouvons rééduquer les intestins des gens. Nous pouvons leur faire suivre des régimes d’hygiène. Une grande partie de notre travail consiste à essayer de réduire la stigmatisation, afin que les gens n’aient pas peur d’en parler ou d’aller voir leur prestataire de soins primaires pour en parler. »
Les infirmières et infirmiers spécialisés en soins des plaies, des stomies et de l’incontinence peuvent aussi apprendre aux patients à renforcer les muscles du plancher pelvien, ajoute-t-elle.
Bien qu’elle travaille principalement avec des personnes âgées, Kimberly LeBlanc collabore aussi avec des membres du corps enseignant et des familles pour intégrer dans leurs classes des enfants souffrant d’incontinence ou ayant une stomie.
« C’est à cette étape que nous pouvons avoir une grande influence sur l’amélioration de la qualité de vie en tant que membres du personnel infirmier », affirme Kimberly LeBlanc.
Aussi passionnée qu’elle soit par les soins des stomies et de l’incontinence, Kimberly LeBlanc est tout aussi convaincue de la nécessité d’améliorer le traitement des plaies. Les lésions de pression, les ulcères du pied diabétique, les déchirures cutanées et les plaies chirurgicales ne sont que quelques-uns des cas de plaies dont elle enseigne la prise en charge aux autres infirmières et infirmiers et au personnel.
Ces plaies sont souvent mal soignées, dit-elle, et deviennent des plaies chroniques et complexes qui causent de terribles douleurs aux patients.
« Les gens peuvent mourir des séquelles des plaies. Si nous pouvons faire en sorte que les infirmières et infirmiers comprennent comment les prévenir, puis comment les prendre en charge, d’un point de vue clinique, c’est une grande joie », dit-elle.
Outre la gestion de la clinique, elle tire ses autres moments forts de l’enseignement et du mentorat, inspirée par la patience et le mentorat réfléchi dont ont fait preuve à son égard des infirmières chevronnées, dont la regrettée Cathy Foster, lorsque Kimberly LeBlanc commençait sa carrière d’infirmière à l’Hôpital général de Montréal.
La passion du soin des plaies
« Lorsque l’on pense à des plaies que personne ne pensait pouvoir guérir, que l’on travaille avec le personnel et que l’on constate que ces plaies guérissent, il n’y a pas de plus grande joie pour moi que de voir d’autres infirmières ou infirmiers se passionner pour le soin des plaies. »
Helen Beat, une autre mentore de Kimberly LeBlanc, l’a aidée à renforcer ses compétences en matière de recherche et de pensée critique. Helen Beath a donné à Kimberly à LeBlanc la confiance nécessaire pour poursuivre une maîtrise à l’Université Athabasca à une époque où elle doutait de ses propres capacités universitaires en raison de la dyslexie.
« Je souffre de dyslexie, alors les études n’ont pas toujours été faciles pour moi, et elle m’a vraiment aidée à cet égard », relate Kimberly LeBlanc à propos d’Helen Beath.
Non seulement Kimberly LeBlanc a réussi à obtenir une maîtrise en sciences infirmières de l’Université Athabasca, mais elle a aussi obtenu un doctorat de l’Université Queen’s. Dès le début, elle s’est engagée à poursuivre l’apprentissage continu dans le cadre de sa carrière d’infirmière, et elle compte à son actif un programme de recherche et des publications scientifiques.
« C’est un parcours incroyable et transformateur, même si les membres de ma famille sourcillent à l’idée que je me lance dans d’autres études », dit-elle en riant.
Le mari de Kimberly LeBlanc, le Dr Lorne Wiesenfeld, est médecin urgentiste, et leur fille Samantha est aussi infirmière, alors que leur fils Bradley, capitaine dans les Forces armées canadiennes, est le seul membre de la famille à ne pas avoir été tenté jusqu’à présent par une carrière en soins de santé.
Lorsqu’elle ne jongle pas entre la défense des intérêts des infirmières et infirmiers et la pratique, Kimberly LeBlanc aime faire de la randonnée ou de la raquette dans les collines de la Gatineau avec sa famille, près de son domicile à Ottawa, et en compagnie de ses chiens Labrador, Oliver et Max.
De retour au bureau, et dans sa pratique, elle reprend ses efforts pour façonner un paysage durable pour les infirmières et infirmiers du Canada, en espérant qu’il leur sera plus facile d’acquérir davantage de compétences grâce au type de possibilités d’apprentissage permanent qu’elle a poursuivi, et de recevoir de l’encouragement qu’elle attribue à ses mentores.
« Je souhaite à chaque infirmière et infirmier de trouver une mentore ou un mentor et d’encadrer la génération suivante », dit-elle.
Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville, en Nouvelle-Écosse.
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