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Promotion du contact humain direct

  
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Debra North, formatrice, insiste pour inculquer à ses étudiants l’importance de savoir faire une évaluation physique

janv. 01, 2017, Par: Debra North, inf. aut., B. Sc.inf.

Depuis plusieurs années, j’enseigne les compétences infirmières au sein de programmes de formation de personnel infirmier autorisé et de personnel infirmier praticien autorisé, dans des laboratoires, des hôpitaux de soins actifs, des unités de réadaptation et des maisons de soins infirmiers. L’un de mes plus grands défis, en tant que formatrice, est de convaincre les étudiants de l’importance de collecter des données au chevet du patient, en l’examinant de la tête aux pieds, et d’analyser ces données.

La majorité de mes étudiants ont des téléphones cellulaires auxquels ils sont très attachés, et leur attachement augmente, au fil des ans, avec la complexité des appareils. On dirait en fait qu’ils craignent de ne pas survivre une heure s’ils doivent s’en passer. En fait, notre collège interdit aux étudiants en sciences infirmières d’apporter leur téléphone dans les unités cliniques. Je suis malgré tout convaincue qu’ayant passé tant de temps à interagir avec des appareils électroniques plutôt que des humains, ils ont en partie perdu leur capacité de reconnaître tout ce que l’on peut apprendre des contacts humains directs.

Beaucoup d’étudiants pensent qu’un oxymètre est le moyen le plus fiable d’évaluer la capacité respiratoire. Ils se fient aussi avec enthousiasme aux tensiomètres numériques pour vérifier la tension artérielle et le pouls, mais ils sont réticents à croire que le rythme cardiaque se vérifie à la main.

Chaque semestre, je commence par expliquer que ces appareils et les autres sont certes là pour aider le personnel infirmier, mais qu’ils ne peuvent pas nous remplacer. J’explique les limites de chacun des appareils, en rappelant qu’ils peuvent tomber en panne. Je décris en quoi consiste une évaluation complète du patient et explique que relever des mesures sur de l’équipement médical n’est qu’un élément parmi d’autres de la collecte de données. Pourtant, je découvre généralement que les étudiants sont convaincus de l’infaillibilité des machines et, par conséquent, de la plus grande fiabilité de leurs résultats. Ils ne voient pas la nécessité d’apprendre à faire des évaluations de la tête aux pieds parce qu’ils estiment que les résultats ainsi obtenus sont incertains. Je répète patiemment que les machines fournissent seulement une quantité limitée de données et qu’elles ne décèlent pas certains changements que nous pouvons repérer. Je déploie tant d’efforts pour les convaincre en début de semestre que les premières semaines sont frustrantes.

Quand ils arrivent dans des unités cliniques, ils rencontrent des patients dont les mains froides ou le vernis à ongles peuvent fausser les résultats de l’oxymètre. Lorsque les étudiants lisent le résultat, l’anxiété les gagne souvent, et ils se tournent vers moi, paniqués, pour qu’on mette le patient sous oxygène. Quand je leur demande s’ils voient des symptômes de détresse respiratoire – le patient est-il essoufflé? a-t-il les lèvres bleutées? – ils me fixent avec incompréhension. Il leur arrive même d’oublier de regarder le patient.

Ils deviennent encore plus agités au chevet du patient quand je commence à lui parler pour recueillir des données sur sa respiration; ils veulent que je le mette immédiatement sous oxygène. Plus tard, quand nous discutons de l’exercice, ils commencent à comprendre la nécessité de collecter plus de données et de tenir compte de tous les facteurs qui auraient pu mener à un résultat erroné.

J’ai appris que les étudiants sont davantage enclins à apprendre comment faire une évaluation physique après que quelqu’un dans leur classe ait obtenu un résultat inexact avec l’oxymètre. Pour m’assurer qu’ils passent par cette étape, je m’arrange parfois pour qu’ils aient à vérifier les signes vitaux d’un patient dont je sais qu’il a les mains froides. Après tout, si c’est ce que ça prend…

Mon objectif est d’aider mes étudiants à reconnaître que savoir faire une évaluation physique est un élément essentiel du travail infirmier et de les motiver à rechercher l’excellence dans ce domaine. Je veux qu’ils finissent leurs études en sachant que ce sont leurs compétences en tant qu’infirmières ou infirmiers qui sauveront des vies, pas l’équipement dont ils se servent.


Debra North, inf. aut., B. Sc.inf., est formatrice clinique au Centennial College à Scarborough (Ont.).

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