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Mon parcours en santé mentale : après 38 ans de pratique infirmière, l’épuisement professionnel, alimenté par la COVID-19, a finalement pris le dessus sur moi

  
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Les symptômes physiques ont été les premiers signes qui m’ont incité à obtenir de l’aide

Par Karen Pantusa
20 novembre 2023
istockphoto.com/valentinrussanov
Demandez de l’aide. Acceptez l’aide. Prenez du temps pour vous.

Je n’en pouvais tout simplement plus. Je me suis sentie blessée par mon employeur et oubliée par mes collègues et la direction. Par ailleurs, en raison d’une erreur administrative de la part de mon fournisseur d’assurance invalidité de longue durée, mon paiement a été retardé de deux semaines, ce qui m’a amené à me demander comment j’allais pouvoir payer mon hypothèque à la fin du mois.

Gracieuseté de Karen Pantusa
« Je voue chaque jour une immense reconnaissance à mon médecin généraliste d’avoir pu déterminer, plus clairement que moi, que je devais prendre soin de ma santé mentale », explique Karen Pantusa.

Après trois nuits d’insomnie, mon esprit s’emballant et les somnifères ne faisant pas effet, j’ai vidé la totalité de mon ordonnance de zopiclone dans ma main.

Voilà où j’en étais il n’y a pas si longtemps. Ce n’était pas le début de mes troubles de santé mentale, mais ce n’en était pas non plus la fin.

J’ai commencé à remarquer quelques problèmes de santé. J’avais des spasmes débilitants au dos et au cou tout au long de la journée, et j’étais souvent incapable de tourner la tête vers la droite. J’avais des palpitations cardiaques qui m’obligeaient à m’arrêter et à prendre de grandes respirations purificatrices. J’avais des troubles gastro-intestinaux, de la constipation ou de la diarrhée selon les jours, et de la colère, une colère incroyable qui me faisait sacrer presque à chaque phrase.

C’était un an et demi après le début de la pandémie de COVID-19. Les règles régissant les visites étaient modifiées tous les jours. Les membres de l’équipe de notre unité changeaient également, avec l’arrivée de nouveaux employés et le départ du personnel chevronné.

Un jour, je rentrais du travail en voiture, sous une pluie battante, les larmes aux yeux, et je n’ai pas ralenti ni freiné à un panneau d’arrêt. Heureusement, le conducteur d’une camionnette qui a croisé mon chemin a remarqué ma distraction, sinon cela aurait pu être la fin de mon histoire.

Je dormais en moyenne trois à quatre heures par nuit et je passais du temps à pleurer, presque quotidiennement, dans les salles de bain au travail. Finalement, un jour, dans ma voiture dans ma cour, j’ai pleuré, complètement anéantie, pendant près d’une heure. Je suis rentrée dans la maison et j’ai pris rendez-vous avec un médecin.

Je voue chaque jour une immense reconnaissance à mon médecin généraliste d’avoir pu déterminer, plus clairement que moi, que je devais prendre soin de ma santé mentale. Lors d’un suivi systématique, mon médecin m’a prescrit un arrêt de travail pour ce qui allait devenir une longue et difficile bataille que je ne savais pas que je menais.

Mon sofa et moi sommes devenus des amis très proches. Passer du lit au sofa était tout ce que je pouvais accomplir. Adorant la lecture depuis toujours, je n’arrivais même plus à lire ou à regarder la télévision. J’avais l’impression que mon cerveau était surchargé. TikTok est devenu mon meilleur ami, car je pouvais l’écouter ou faire défiler les pages pendant moins de deux minutes à la fois.

Lentement, après de nombreux mois, j’ai senti mon MOI revenir à la vie. Cette étape a été difficile, car nous avons ajusté mes médicaments. Je rencontrais mon médecin de famille aux deux semaines et une conseillère presque toutes les semaines.

J’ai appris à exprimer mes sentiments et mes pensées par l’écriture. J’ai appris que j’étais encore assez forte, même si j’avais l’impression de m’effondrer.

J’ai appris que mes pensées pouvaient très vite devenir sinistres et que l’amour que j’ai pour mes enfants m’empêchait de mettre ces pensées à exécution.

J’ai appris que ma famille, mes amis et mes collègues m’aimaient et me soutenaient, et que d’autres ne m’offraient que des vœux pieux.

La pandémie n’est pas à l’origine de mon effondrement, mais après 38 ans de soins infirmiers au chevet des patients, dont les 11 dernières années à travailler tout particulièrement avec des patients atteints de démence, en plus des effets inattendus de la COVID, mon corps et mon cerveau ont abandonné le combat.

L’épuisement professionnel grave, l’anxiété, la dépression et le syndrome de stress post-traumatique sont désormais les diagnostics figurant dans mon dossier médical. Les médicaments m’aident, tout comme le fait d’être suivie par un psychiatre et mon médecin de famille.

Ma capacité à gérer les situations stressantes est un travail de longue haleine. Mon médecin de famille, qui était autrefois un collègue, est devenu le professionnel de la santé en qui j’ai le plus confiance. Je lui en suis reconnaissante tous les jours.

Je me prépare à reprendre le travail avec ces nouvelles compétences et je pense qu’elles me permettront de poursuivre ma carrière jusqu’à ce que je décide de prendre ma retraite.

Voilà ce qu’a été mon parcours en matière de santé mentale. Ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan comparé aux luttes de beaucoup d’autres. Mon conseil? Tout ce que je peux dire, c’est qu’il faut faire face aux problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent. Demandez de l’aide. Acceptez l’aide. Prenez du temps pour vous.

Post-scriptum : J’aimerais vous dire que mon plan de retour au travail s’est déroulé sans heurts, mais malheureusement, je suis tombée et je me suis cassé le tibia et le péroné une semaine avant de reprendre le travail. Heureusement, je n’ai pas eu besoin de chirurgie. Mon retour au travail a été retardé de quatre mois, mais je suis heureuse d’annoncer que je me porte bien.


Karen Pantusa, inf. aut., CSIG(C), pratique au chevet des patients depuis janvier 1985. Elle travaille actuellement au Halton Healthcare comme infirmière-ressource en soins cliniques au sein d’une unité de niveau de soins alternatifs/soins transitionnels.

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