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Une infirmière enseignante aide à apporter aux communautés des Premières Nations des soins experts et compétents quant au plan culturel en matière de diabète

  
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Kari Meneen joint ses forces à un projet visant à améliorer les capacités des travailleurs de la santé des Premières Nations

Par Laura Eggertson
17 juillet 2023
Evan Noble
Kari Meneen est devenue infirmière surtout pour s’occuper des personnes atteintes du diabète, après avoir pris connaissance de l’état de santé inéquitable des populations autochtones en ce qui concerne cette maladie chronique. Elle est fière de son travail visant à offrir de meilleurs soins sûrs liés au diabète quant au plan culturel et à y sensibiliser les membres des Premières Nations, ainsi qu’à former des professionnels de la santé autochtones pour soutenir leurs communautés.

Lorsque des chercheurs qui dirigent un projet visant à améliorer les résultats en matière de diabète dans six communautés des Premières Nations en Alberta ont demandé l’aide de Kari Meneen, ils n’étaient pas certains que leur projet atteindrait les résultats escomptés.

« Ils pensaient qu’il y aurait trop de difficultés à surmonter pour que le projet ait des effets positifs sur les patients », se souvient Kari Meneen.

Il n’avait pas tenu compte de la passion et de la détermination de l’infirmière crie, qui est éducatrice agréée en diabète.

« Ce défi en soi m’a donné envie de le relever », déclare Kari Meneen.

Le projet, nommé RADAR (Reorganizing the Approach to Diabetes through the Application of Registries), était une intervention communautaire sur le diabète visant à améliorer la capacité des travailleurs de la santé communautaire des Premières Nations à fournir les meilleurs soins possibles, sur la base des directives cliniques portant sur le traitement et la prise en charge du diabète.

Inspirée par l’inégalité

Kari Meneen, 41 ans, a commencé à travailler en 2015 comme coordonnatrice à distance des soins des patients atteints de diabète. Son travail consiste à aider les communautés à adopter des dossiers médicaux électroniques et à alimenter un registre électronique des cas de diabète spécialement conçu pour les communautés des Premières Nations. Elle soutient également les fournisseurs de soins de santé de chaque communauté, au moyen de conférences de cas et de réunions virtuelles pour prendre en charge les soins aux patients.

En tant que membre de la Première Nation Tallcree, située sur le territoire du Traité 8, Kari Meneen s’intéresse depuis longtemps au diabète, ce qui fait d’elle la personne idéale pour ce poste. Elle est devenue infirmière surtout pour s’occuper des personnes atteintes du diabète, après avoir pris connaissance de l’état de santé inéquitable des populations autochtones en ce qui concerne cette maladie chronique.

Les membres des Premières Nations sont trois à cinq fois plus susceptibles de souffrir de diabète de type 2 que la population canadienne générale.

Dans les communautés éloignées desservies par le projet RADAR, les résidents sont également moins susceptibles d’avoir accès à des analyses sanguines régulières, à la lecture d’empreintes rétiniennes, à des soins podiatriques, à du soutien diététique et à de bons soins de santé primaire, autant de services dont ils ont besoin pour prendre en charge leur diabète.

Ces réalités ont frappé Kari Meneen pour la première fois lorsqu’elle avait 21 ans et qu’elle travaillait comme assistante à la recherche pour les services de santé de l’Alberta. Dans le cadre du projet portant sur la santé des Autochtones, Kari Meneen a recueilli et saisi des données sur le diabète et les a comparées à celles de la population canadienne générale.

Dépistage du diabète

Les taux d’incidence de toutes les complications liées au diabète, y compris les maladies rénales et les amputations, étaient considérablement plus élevés dans les communautés des Premières Nations.

« Chaque statistique sur le diabète que j’ai obtenue m’a ouvert les yeux », dit-elle.

Kari Meneen était résolue à faire baisser ces chiffres. Après avoir obtenu son diplôme en psychologie, elle a envisagé de poursuivre une carrière en santé publique.

Sa première incursion dans ce domaine s’est faite en tant que photographe rétinienne au sein de l’équipe mobile de lutte contre le diabète de la province. L’équipe sillonnait les établissements métis et les communautés des Premières Nations de l’Alberta mal desservis pour détecter le diabète, notamment en photographiant les yeux des patients afin de vérifier si les petits vaisseaux sanguins situés à l’arrière de l’œil présentaient des modifications susceptibles de signaler des complications liées au diabète.

Kari Meneen et ses collègues ont envoyé les images qu’ils avaient prises à des ophtalmologues qui les ont vérifiées.

L’objectif du programme de dépistage était de prévenir des complications susceptibles d’affecter la vision des personnes atteintes de diabète.

Bien que Kari Meneen ait été heureuse de procéder au dépistage des patients, les deux infirmières avec lesquelles elle travaillait l’ont encouragée à en faire plus. L’une d’entre elles, Gloria Fraser, maintenant directrice de la santé pour la Nation crie de Bigstone, lui a fait part de son expérience en tant qu’infirmière dans le Nord et lui a également ouvert les yeux sur les aspects de la promotion de la santé dans le domaine des soins infirmiers. Elle est devenue la mentore de Kari Meneen.

« Écouter son expérience m’a incitée à poser ma candidature pour devenir infirmière », explique Kari Meneen.

Une fois à la faculté des sciences infirmières, Kari Meneen a rapidement surmonté son aversion initiale pour le sang et s’est tournée vers la promotion de la santé. Après avoir obtenu son diplôme de la faculté des sciences infirmières de l’Université de l’Alberta, elle a passé les deux années suivantes en tant qu’infirmière spécialisée dans les soins à domicile et les soins aux diabétiques pour l’administration sanitaire du conseil tribal Kee Tas Kee Now, à environ 400 kilomètres au nord d’Edmonton.

Les examens annuels des pieds, les analyses sanguines, les examens de la rétine et l’accès à un éducateur spécialisé ou une éducatrice spécialisée du diabète étaient inacessibles pour bon nombre de ses patients en raison de nombreux obstacles, notamment le coût, le lieu et le temps nécessaire pour se rendre dans les grands centres pour obtenir ces services.

Instaurer la confiance

De nombreux patients de Kari Meenen étaient aussi réticents à consulter en raison d’expériences négatives dans le système de santé, comme le lui a raconté une aînée de la communauté.

Après avoir annulé plusieurs des rendez-vous, l’aînée a finalement autorisé Kari Meenen à s’occuper de ses pieds. Ce processus a marqué le début d’une relation de confiance.

« Une fois qu’elle s’est installée dans mon fauteuil et qu’elle s’est sentie à l’aise avec moi pour soigner ses pieds, elle a commencé à parler et j’ai commencé à poser des questions », raconte Kari Meneen.

L’aînée, qui a survécu aux pensionnats, avait eu des rendez-vous précipités avec des fournisseurs de soins de santé qui avaient balayé de la main ses inquiétudes, mis en doute sa sobriété et émis d’autres hypothèses stéréotypées et racistes à son sujet.

« Tous ces obstacles à l’accès aux soins s’ajoutent au racisme systémique. J’ai eu le cœur brisé de savoir que l’aînée, qui est la femme la plus gentille du monde, avait choisi de ne pas accéder aux soins dans notre système de santé en raison de ce qu’on lui a fait ressentir », explique Kari Meneen.

Kari Meneen et l’aînée sont devenues partenaires pour améliorer les soins de cette dernière. L’aînée a pris suffisamment confiance en elle pour se rendre à Grande Prairie afin d’y subir un examen de la vue et des analyses sanguines.

« Elle a été rassurée par le fait de savoir que l’ensemble du personnel infirmier et des fournisseurs de soins de santé ne sont pas racistes et ne vont pas la maltraiter », explique Kari Meneen.

Amélioration des résultats

Le travail de Kari Meneen en tant qu’éducatrice spécialisée en diabète l’a menée directement à son poste dans le cadre du projet RADAR, et son expérience et sa détermination à ce que le projet soit mené à bien ont porté leurs fruits.

Au bout de deux ans, 91 % des patients avaient amélioré de 10 % les paramètres clés tels que la glycémie, le taux de cholestérol et la tension artérielle, ou les avaient stabilisés.

Dans le cadre de son travail avec la Première Nation crie Bigstone, par exemple, l’un des partenaires fondateurs de la subvention, Kari Meneen a aidé une diététiste, une photographe rétinienne et une aide en soins de santé à inscrire les clients dans une base de données électroniques et à prendre en charge leurs soins. Elle a également favorisé les relations avec les fournisseurs de soins primaires travaillant à proximité.

« Ainsi, nous avons contribué à l’amélioration des résultats des patients de Bigstone en matière de diabète », explique-t-elle.

Bien que le projet RADAR soit censé prendre fin en juin, plusieurs communautés participantes ont choisi de poursuivre le travail.

Aujourd’hui, outre son rôle au sein du projet RADAR, Kari Meneen travaille aussi pour une entreprise sociale de services de santé et d’informatique appelée Okaki Health Intelligence. Elle dirige l’équipe OKAKI de soins virtuels en matière de diabète, issue du projet de recherche. Elle et son équipe, composée d’une endocrinologue, d’une infirmière et d’une diététiste, forment des éducateurs spécialisés en diabète certifiés et fournissent l’accès à des soins sûrs quant au plan culturel et une formation aux Autochtones souffrant de diabète.

Un jour par semaine, Kari Meneen travaille aussi comme infirmière spécialisée dans l’éducation sur le diabète à la clinique de mieux-être autochtone de l’hôpital Royal Alexandra, ce qui lui permet de maintenir ses compétences cliniques à jour.

Elle concilie sa carrière bien remplie avec son rôle familial auprès de sa fille Eliana et de Jeff, son conjoint. Quand elle ne passe pas du temps en plein air avec eux et leur chien de race mixte caniche et Wheaton Terrier, elle joue au sein d’une ligue de hockey dont elle fait partie depuis plus de 10 ans.

« C’est ma façon de décompresser d’une semaine très chargée », dit Kari Meneen en riant.

Elle est fière de son travail visant à offrir de meilleurs soins sûrs liés au diabète quant au plan culturel et à y sensibiliser les membres des Premières Nations, ainsi qu’à former des professionnels de la santé autochtones pour soutenir leurs communautés.

« L’objectif a toujours été de renforcer les capacités des agents de santé communautaire des Premières Nations afin qu’ils puissent prendre en charge eux-mêmes le traitement du diabète et répondre aux besoins de leur communauté », explique-t-elle.


Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville, en Nouvelle-Écosse.

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