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Tous les membres du personnel infirmier sont des professionnels en santé mentale : réconcilier la dualité corps et esprit pour mettre en œuvre une pratique infirmière holistique

  
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Pourquoi il est important d’aborder les soins en faisant preuve de compassion et de curiosité authentique

Par Michelle Danda
22 janvier 2024
istockphoto.com/PamelaMoore
Les infirmières et infirmiers peuvent devenir les chefs de file de l’avenir des soins de santé. Nous pouvons nous engager à aider les personnes les plus difficiles à aider, les plus marginalisées et celles qui souffrent.

Tous les membres du personnel infirmier sont des professionnels en santé mentale. Je ne veux pas dire par là que tous les membres du personnel infirmier travaillent dans des services spécialisés en santé mentale (ou en psychiatrie). Je veux dire que l’ensemble des infirmières et infirmiers doivent comprendre qu’il est impossible de fournir des soins compétents et éthiques aux patients s’ils ne sont pas pris en charge dans leur globalité. Nous ne pouvons pas soigner le corps physique sans prendre soin de l’esprit.

Gracieuseté de Michelle Danda
« Les infirmières et infirmiers sont bien positionnés pour façonner la reconception des services, des politiques et des pratiques de santé dans une perspective holistique qui peut s’affranchir du dualisme traditionnel de services et de programmes de santé distincts pour le corps et l’esprit », explique Michelle Danda.

En 1952, Hildegarde Peplau a publié pour la première fois ses travaux sur la pratique relationnelle afin de faire comprendre que la relation entre l’infirmière ou l’infirmier et les patients est essentielle à la mise en œuvre d’une bonne pratique infirmière. Les récentes crises sanitaires de grande ampleur, principalement la pandémie de COVID-19 et la crise des surdoses d’opiacés, ont forcé le monde à examiner attentivement le rôle intégral des infirmières et infirmiers dans la santé de la population, l’élaboration des politiques et les interventions en cas d’urgence. Les modèles médicaux dépassés, axés sur les problèmes et les remèdes, ne conviennent pas aux soins infirmiers, car ils ne tiennent pas compte des facteurs humains de connexion dans les moments de peur et d’ignorance. C’est là que les soins infirmiers et les membres du personnel infirmier brillent.

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les répercussions mondiales importantes des maladies de masse sur la compréhension de la maladie, du mieux-être et de la santé. Les effets physiques de l’évolution de la maladie sont indissociables de ses répercussions mentales. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le stress mental accru lié au manque de connaissances lors d’une pandémie mondiale, ainsi que les conséquences économiques de la perte d’emploi, de la fermeture d’entreprises et d’écoles, et du passage au télétravail, comprend l’anxiété, la crainte et l’inquiétude quant à l’état actuel et futur de notre monde. Les changements soudains et massifs dans la façon dont les gens se connectent, se rassemblent et communiquent ont souligné l’importance d’intégrer la santé mentale dans notre compréhension actuelle de la santé.

Bien que la pandémie soit déclarée terminée, nous continuons à en ressentir les effets. L’isolement social qui a résulté de l’isolement physique a rompu les liens importants de soutien et les moyens de résilience d’une façon que nous n’avions jamais anticipée, et nous n’y étions pas préparés d’un point de vue médical. La porte s’est ouverte à l’inclusion d’une perspective infirmière pour faire face aux crises sanitaires mondiales.

Les infirmières et infirmiers à l’origine du changement

Certaines perspectives sont utilisées pour façonner la pratique infirmière, par exemple les relations thérapeutiques, les soins axés sur la personne et la famille et les soins fondés sur les points forts. Ces perspectives sont considérées comme fondamentales pour les soins infirmiers.

Cependant, une influence intégrale qui ne correspond pas au récit populaire, soit l’oppression et la pression exercées pour adhérer à un modèle médical de soins, est souvent méconnue ou ignorée. De même, le fait que la profession infirmière est centrée sur les soins, la compassion et l’empathie éclipse et ignore les possibilités pour la profession infirmière d’aborder de manière critique et de traiter des questions sociales importantes qui ont une incidence sur la santé, telles que le racisme systémique, l’inégalité sociale, le classisme et la discrimination fondée sur la capacité physique. Nombre de ces enjeux de justice sociale ont été mis en lumière lors de la pandémie de COVID-19, et nous ne pouvons pas les ignorer.

Pour améliorer la santé de la population, les infirmières et infirmiers devraient être prêts à affronter le stress mondial accru lié à la confrontation collective avec l’injustice sociale et la souffrance. Les infirmières et infirmiers peuvent devenir les chefs de file de l’avenir des soins de santé. Nous pouvons nous engager à aider les personnes les plus difficiles à aider, les plus marginalisées et celles qui souffrent. Mais un recadrage cognitif est nécessaire pour adopter pleinement la conceptualisation et l’offre de soins aux patients, ainsi que pour mieux interpréter la santé et le bien-être d’un point de vue holistique.

Les infirmières et infirmiers sont bien positionnés pour façonner la reconception des services, des politiques et des pratiques de santé dans une perspective holistique qui peut s’affranchir du dualisme traditionnel de services et de programmes de santé distincts pour le corps et l’esprit. Ces frontières sont arbitraires. Les valeurs sous-jacentes du métaparadigme infirmier, qui comprennent la santé, la personne, l’environnement et les soins infirmiers, ne sont pas seulement quelque chose à apprendre pendant les études en sciences infirmières. Elles sont essentielles pour mettre fin à la perpétuation des cloisonnements entre les soins de santé pour le corps et pour l’esprit.

En outre, les infirmières et infirmiers sont bien placés pour prendre en charge la formation et l’intégration de modèles de soins holistiques afin de mieux faire comprendre au public que la santé mentale fait partie intégrante de la santé globale. Les dirigeants en soins infirmiers sont essentiels pour lutter contre la stigmatisation liée aux défis et aux obstacles auxquels les personnes et les populations sont confrontées lors de crises généralisées, en particulier celles qui vivent avec la maladie mentale, consomment des drogues, ont un handicap ou ont été étiquetées de manière négative dans notre système de soins de santé.

Combattre la stigmatisation

La solution est claire : si l’objectif des soins en santé mentale est de lutter contre la stigmatisation, l’ensemble des infirmières et infirmiers doivent maîtriser les moyens de la surmonter. La première consiste à concevoir les patients comme des personnes entières, et non comme des corps malades ou en bonne santé distincts d’un esprit malade ou en bonne santé. La relation entre le personnel infirmier et les patients est fondamentale pour fournir des soins centrés sur la personne, un objectif qui définit la pratique infirmière, et pas seulement la pratique infirmière en santé mentale.

Pour atteindre des objectifs tels que les soins en collaboration, les infirmières et infirmiers doivent se faire les champions de l’élaboration de stratégies qui favorisent la compréhension que les patients sont des personnes ayant des besoins variés en matière de santé au fil du temps et des services. Ce type de stratégies doit transcender les frontières traditionnelles entre les patients et les professionnels. Pour comprendre les patients et leur expérience, l’ensemble des infirmières et infirmiers doivent bien comprendre l’incidence de la maladie sur les patients. Les frontières traditionnelles des soignants en santé mentale et des soignants spécialisés dans d’autres domaines doivent faire l’objet d’une analyse critique pour passer du dualisme à l’holisme.

Stratégies de changement

Au Canada, le personnel infirmier vit une période de crise des soins de santé. Cependant, nous avons le pouvoir et le privilège de faire preuve de leadership pour changer le système à tous les niveaux, du personnel infirmier de chevet aux chefs et gestionnaires des services infirmiers.

Pour ce faire, les infirmières et infirmiers peuvent être des modèles de conversations courageuses incitant le personnel infirmier et les autres professionnels de la santé à repenser les politiques et les pratiques dépassées et néfastes qui ne placent pas les patients au centre des soins. Les infirmières et infirmiers peuvent collaborer à la défense des patients ou des clients, en abordant les soins avec compassion et curiosité. Plus important encore, les infirmières et infirmiers peuvent créer des communautés de pratique pour discuter et remettre en question le statu quo et repenser les moyens de réunir des équipes multiprofessionnelles en utilisant chaque optique pour collaborer aux soins plutôt que d’éclipser la force et la démarche de chaque membre de l’équipe.

Nous sommes tous des infirmières et infirmiers en santé mentale. Ce rôle n’a jamais été aussi évident alors que nous sortons d’une période de crise collective. La pandémie de COVID-19 a créé une nouvelle occasion de définir l’interprétation de l’identité infirmière et le sens d’une pratique infirmière holistique. Les questions importantes qui doivent être envisagées sont les suivantes : Comment définir l’identité infirmière? Comment les infirmières et infirmiers parviennent-ils à leur identité, et est-ce différent pour ces professionnels qui travaillent dans le domaine de la santé mentale? L’identité est-elle définie par les besoins des patients ou le domaine des soins? La pandémie mondiale a montré avec une clarté saisissante que le lien humain fait partie intégrante de la santé et du bien-être.

Les infirmières et infirmiers sont des experts dans l’établissement de relations avec les patients et les familles. Tout en se remettant de la pandémie mondiale, il faut veiller à estomper les frontières entre les dichotomies traditionnellement maintenues, notamment celle de l’esprit et du corps et celle de la personne soignante et de la personne soignée.


Michelle Danda, inf. aut., Ph. D.(c), CSPSM(C), a obtenu son diplôme du programme accéléré de baccalauréat en sciences infirmières de l’Université de Calgary en 2008. Elle est chef des initiatives de la pratique professionnelle et exerce en soins infirmiers en santé mentale et en toxicomanie dans la vallée du bas Fraser, en Colombie-Britannique. Elle a obtenu son titre de Ph. D. dans le cadre du programme de doctorat en sciences infirmières de l’Université de l’Alberta, et sa thèse porte sur l’histoire de l’enseignement des soins infirmiers en psychiatrie en Colombie-Britannique. Elle vit à New Westminster et y élève ses quatre beaux enfants avec son conjoint, qui travaille aussi en pratique professionnelle et est infirmier en santé mentale.

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