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Courage moral : une infirmière enseignante de Colombie-Britannique a mis en pratique ses enseignements sur le leadership et l’éthique

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2025/12/22/kathleen-stephany-moral-courage

Kathleen Stephany affirme que « le courage moral consiste à faire ce qui est juste face à l’adversité et à l’opposition, et à le faire, peu importe si les gens le remarquent ou non. »

Par Laura Eggertson
22 décembre 2025
Gracieuseté de Kathleen Stephany
Le suivi postnatal est l’occasion pour les infirmières de cerner les risques ou les vulnérabilités des nouvelles mères et du nouveau-né, et d’offrir du soutien supplémentaire en santé publique au besoin.

Note de la rédaction : Cet article contient de l’information sur le décès en 2001 de Savannah Hall, une fillette âgée de 3 ans issue des Premières Nations qui avait été placée en famille d’accueil. Ce cas n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui illustrent le problème général du racisme systémique ancré dans le système de protection de l’enfance. L’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC), qui publie la revue infirmière canadienne, reconnaît les préjudices historiques et actuels causés par le racisme envers les Autochtones au sein des systèmes coloniaux. L’AIIC est résolue à lutter contre le racisme envers les Autochtones et encourage fortement son lectorat à s’informer davantage sur une décision de la Cour suprême de 2024 qui confirme le droit des Premières Nations et des populations inuites et métisses à être responsables des « services à l’enfance et à la famille adaptés à leur culture ». Les chefs autochtones en matière de santé et l’AIIC ont aussi créé en collaboration d’autres possibilités d’apprentissage, soit le récent événement de partage des connaissances sur le racisme à l’égard des Autochtones et Le parcours : Votre voyage au sein du Canada autochtone (à venir bientôt).


Lorsque Kathleen Stephany enseigne à la cohorte étudiante de troisième année de sciences infirmières l’importance cruciale de diriger en faisant preuve d’éthique et de courage moral, elle parle par expérience.

Infirmière autorisée depuis 48 ans, Kathleen Stephany a défendu ses patients et dénoncé l’injustice et la corruption tout au long de sa carrière.

Sa carrière l’a menée des soins infirmiers au service des urgences, en soins intensifs et en psychiatrie, aux enquêtes médicales au BC Coroners Service (BCCS), en passant par la psychologie, avant d’assumer ses fonctions actuelles d’auteure et de membre du corps professoral au Douglas College de la Colombie-Britannique.

Kathleen Stephany a travaillé pour le BCCS pendant 11 ans. Elle a travaillé directement sur le dossier du décès en 2001 de Savannah Hall, une fillette âgée de 3 ans issue d’une communauté autochtone, décédée dans une famille d’accueil. Le jury chargé de l’enquête du coroner a conclu à un homicide.

Une entente de confidentialité qu’elle a signée dans le cadre d’un accord de licenciement l’empêche de parler de cette enquête.

Mais elle n’aurait rien fait différemment, dit-elle.

« Le courage moral, c’est de faire ce qui est juste face à l’adversité et à l’opposition, et à le faire, peu importe si les gens le remarquent ou non, explique Kathleen Stephany. Le courage moral, ça me connaît ».

L’expérience en soins infirmiers l’a aidée dans son rôle de coroner

Les principales fonctions de Kathleen Stephany au BCCS consistaient à enquêter sur les homicides présumés d’enfants, les décès suspects ou inattendus d’enfants placés en famille d’accueil et les suicides, ainsi qu’à formuler des recommandations pour prévenir ce type de décès.

Ses compétences en soins infirmiers et sa formation universitaire (elle préparait sa maîtrise en psychologie de l’orientation tout en travaillant comme coroner) l’ont bien préparée à ce rôle, dit-elle.

Pour formuler des recommandations en vue de nouvelles politiques susceptibles de sauver des vies, il fallait mener des recherches rigoureuses sur ce que faisaient d’autres provinces ou territoires et sur le mérite des changements, ce qui est également le cas dans la recherche universitaire, explique Kathleen Stephany.

Et tout comme en soins infirmiers, elle devait rencontrer des familles désemparées et leur fournir des renseignements souvent difficiles à entendre au sujet de leurs proches.

« Mon expérience d’infirmière en soins intensifs m’a beaucoup appris sur l’écoute et le processus de deuil, dit-elle. Parfois, nous pouvions apaiser leurs inquiétudes et leur dire que tout avait été fait conformément aux pratiques exemplaires, et d’autres fois, nous devions leur dire que certaines choses n’avaient pas été faites conformément aux pratiques exemplaires. »

En fin de compte, les cas dont elle s’est occupée l’ont tellement perturbée pendant qu’elle travaillait pour le bureau du coroner qu’elle a eu besoin de thérapie pour l’aider à se débarrasser des images dont elle avait été témoin pendant son travail.

Agir de façon juste

Ces cas, ainsi que les autres sur lesquels elle a enquêté, ont confirmé la conviction de Kathleen Stephany que le courage moral, la valeur de l’éthique et le leadership sont des compétences essentielles pour inciter le personnel infirmier à plaider en faveur du changement social dans l’intérêt des patients, de la communauté et du monde entier.

C’est également ce principe directeur qui a poussé Kathleen Stephany à écrire l’ouvrage intitulé The Ethic of Care: A Moral Compass for Canadian Nursing Practice, qui soutient que l’impératif moral d’agir de façon juste doit guider chaque geste du personnel infirmier. Kathleen Stephany inclut des études de cas réels tirés de son expérience en tant que coroner, infirmière en soins intensifs et infirmière psychiatrique à la fin de chaque chapitre du manuel que les étudiantes et étudiants lisent pour son cours au Collège Douglas : Applied Nursing Ethics, Leadership and Moral Courage (Éthique infirmière appliquée, leadership et courage moral).

« Le cours vise à enseigner aux futurs membres du personnel infirmier à se porter à la défense du changement, pour les populations qui pourraient être oubliées », explique-t-elle.

Kathleen Stephany s’appuie également fortement dans son programme d’enseignement sur le Code de déontologie des infirmières et infirmiers de l’AIIC, qui oriente aussi le personnel infirmier dans la prise de décisions et le plaidoyer de l’équité en matière de santé, de la justice sociale et de la santé au travail.

Elle est aussi enseignante clinique en santé mentale, où elle supervise les étudiantes et étudiants en soins infirmiers dans le cadre de leurs stages communautaires en santé mentale. Un autre de ses livres Trauma-informed Care for Nursing Education: Fostering a Caring Pedagogy, Resilience & Psychological Safety, traite de la nécessité fondamentale de prodiguer des soins tenant compte des traumatismes dans la pratique infirmière.

Tout au long de la rédaction et de son travail complémentaire en tant que conférencière inspirante, Kathleen Stephany est motivée par son expérience précoce du chagrin et du traumatisme.

Elle n’avait que 9 ans le 22 décembre 1966, lorsque son frère Tony, âgé de 15 ans, n’est pas rentré d’une balade sur son nouveau vélo, un cadeau de Noël avant le temps.

La Gendarmerie royale du Canada a retrouvé son corps dans un fossé, où un conducteur en délit de fuite l’avait laissé. Trois mois plus tard, son père a été diagnostiqué d’un cancer du poumon et est décédé moins d’un an plus tard.

Des décès qui affectent la vie

« Ces décès m’ont changée », dit-elle.

Kathleen Stephany a été confiée à une tante âgée après les décès de son père et de son frère, et la dépression nerveuse de sa mère. Cette tante l’a initiée à la lecture, en lui faisant découvrir des romans comme La toile de Charlotte qui lui ont appris à surmonter les épreuves.

L’une des leçons qu’elle a apprises est que « nous ne sommes pas ici pour longtemps; nous sommes ici pour vivre au jour le jour. Il est important de vivre selon ses valeurs, en tant que personne et en tant qu’infirmière ».

Kathleen Stephany encourage ses étudiantes et étudiants à réfléchir à la façon dont nous voulons que nos patients nous perçoivent, et à être fidèles à cette image, en tout temps.

Ses cours et ses discussions en classe donnent lieu à des dialogues animés qui l’inspirent. Elle estime que l’enseignement lui procure des « moments de bonheur » parce qu’elle apprend autant de ses étudiantes et étudiants et de leur passion à changer le monde, qu’elles et ils en retirent d’elle.

Aujourd’hui, lorsqu’elle n’est pas en train de jardiner avec son mari Harold, un médecin retraité, elle lit des ouvrages documentaires tels que Values: Building a Better World for All, de Mark Carney, elle passe du temps avec ses quatre enfants adultes et ses deux petits-enfants, ou elle fait de la randonnée avec son chien « gâté » Sky, sauvé d’un refuge.

Elle correspond également avec d’anciennes étudiantes qui ont suivi ses cours, dont plusieurs continuent le travail de plaidoyer entrepris pendant ses cours par la création d’un projet de service public.

« La passion que ces étudiantes et étudiants ont au cours de leur premier cycle les accompagne souvent après l’obtention de leur diplôme, dit-elle. C’est tellement captivant, parce que ce sont ces personnes qui accomplissent de grandes choses et qui représentent l’avenir. »


Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville, en Nouvelle-Écosse.

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