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La contribution déterminante d’une infirmière dans le Nord du Canada

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2020/04/01/how-one-nurse-made-a-difference-in-canadas-north
avr. 01, 2020, Par: Barb Shellian
Shutterstock.com/Lars van der Waarden

J’ai récemment lu avec bonheur When Days are Long: Nurse in the North (Wilson, 2019), les mémoires d’Amy Wilson, une infirmière qui travaillait au Yukon et dans le Nord de la Colombie-Britannique dans les années 1950, une zone de desserte de quelque 200 000 miles carrés. En plus d’être passionnantes, les histoires qu’elle raconte donnent à réfléchir. Dans son style terre à terre – on dirait que Mme Wilson est en train de bavarder avec nous autour d’une tasse de thé à la fin d’une longue journée –, elle révèle les complexités des soins infirmiers en régions éloignées et les disparités dans les services de santé que reçoivent les Autochtones.

Dispose d’un traîneau à chiens, prête à voyager

Les descriptions que donne Mme Wilson de situations qui incluent une épidémie de diphtérie, une grippe meurtrière, des cliniques de vaccination à un rodéo et un accouchement sous la tente montrent à quel point les soins infirmiers dans les zones éloignées du Canada étaient une spécialité, à cette époque.

Elle a un jour dirigé un blitz de vaccinations de masse d’un mois le long de l’autoroute de l’Alaska, où il fallait entre autres laver les aiguilles et les seringues avec de la neige fondue et de l’éther – toute une aventure! Imaginez par ailleurs à quel point il était difficile, en l’absence de télécopieur, de téléphone ou d’Internet, de faire savoir qu’un appareil de radiographie ou une clinique de soins dentaires arriverait dans la communauté, ou de sensibiliser les gens à l’importance des vaccins… À la place, on faisait circuler les nouvelles – système ingénieux – en demandant à la GRC d’en parler et en le disant aux chefs et aux agents des Indiens.

Elle a un jour dirigé un blitz de vaccinations de masse d’un mois le long de l’autoroute de l’Alaska, où il fallait entre autres laver les aiguilles et les seringues avec de la neige fondue et de l’éther – toute une aventure!

Mme Wilson s’est rendue dans ses communautés en traîneau à chiens, en raquettes, en avion, en bateau, en voiture et par un pont de glace, surmontant ainsi de nombreuses conditions dangereuses. Dans le Nord, le temps qu’il fait, la géographie et l’accès aux ressources déterminent la forme que prend la pratique d’une infirmière ou d’un infirmier.

La vie dans le Nord n’était pas pour les petites natures. Mais l’indépendance de la pratique infirmière stimulait la recherche de solutions, la créativité, le renforcement de la capacité de la communauté et les soins centrés sur la famille (avant que le concept ne prenne forme).

« Chai Wootcha »

Les lecteurs découvrent en outre qui était Mme Wilson. Elle se passionnait pour le rôle de la musique dans la guérison, et sur son chemin, elle a laissé en héritage de nombreux instruments de musique dans les campements. Elle a aussi salué l’importance des mentors dans sa pratique, et leur rôle l’a poussée à apporter sa contribution dans le Nord.

Persévérante et dévouée, Mme Wilson assurait des soins de santé dans des situations difficiles et considérait que tous ceux qu’elle rencontrait méritaient soins et respect. Elle s’acquittait de sa tâche en tissant des liens avec les gens du Nord et en travaillant en collaboration avec eux.

Ses contributions aux soins infirmiers de santé publique ont été saluées par une citation et une médaille pour ses services méritoires. La reconnaissance qui l’a peut-être le plus touchée, cependant, a été le nom spécial que lui ont donné les Autochtones de l’endroit : Chai Wootcha, qui veut dire Femme bienveillante.

Mme Wilson créait un climat de confiance dans les communautés en respectant la médecine autochtone et en intégrant à sa pratique les tisanes et pommades traditionnelles. Son cœur, a-t-elle dit, était attaché au Yukon, et c’est là qu’elle se sentait le plus utile.

Questions d’éthique

Mme Wilson est une raconteuse captivante, mais lire ses mémoires soulève aussi de sérieuses questions d’éthique. Pourquoi, par exemple, une partie aussi importante du rôle des infirmières dans le Nord consistait-elle à persuader les gens de quitter leur communauté pour se faire soigner? Le manque d’accès aux services était une rude épreuve pour ces familles et ces communautés.

Elle se passionnait pour le rôle de la musique dans la guérison, et sur son chemin, elle a laissé en héritage de nombreux instruments de musique dans les campements.

J’ai par ailleurs reçu comme une douche froide sa référence au pensionnat de Whitehorse et son sous-entendu que la pratique consistant à séparer les enfants de leur famille était acceptable.

Les choses ont-elles beaucoup changé en matière de santé pour les Autochtones? Beaucoup diront qu’elles n’ont pas assez changé, si on compare aux progrès qu’a connus la majorité des Canadiens. Ce livre nous montre le passé et nous amène à prendre conscience de l’importance, pour notre profession, de continuer à défendre le droit des Autochtones à la santé dans notre pays.

Je recommanderais cette lecture pour les histoires captivantes qu’y raconte Mme Wilson, mais aussi pour ses réflexions inspirantes sur ce que peuvent faire les infirmières et les infirmiers pour améliorer la situation. Car Amy Wilson, elle, a fait beaucoup.

Référence

Wilson, A. When Days are Long: Nurse in the North, 2019,Halfmoon Bay (C.-B.), Caitlin Press.


Rédactrice en chef, Barb Shellian est infirmière autorisée, et la pratique infirmière, la réforme des soins de santé et les gens lui tiennent à cœur. Présidente sortante de l’Association des infirmières et des infirmiers du Canada, elle est aussi directrice de la Santé rurale pour Services de santé Alberta, région de Calgary. Elle vit et travaille à Canmore, en Alberta.

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