Blog Viewer

Chers collègues, en ce jour…

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2016/11/06/dear-nurses-on-this-day

Le matin, lorsque ses collègues doivent apporter une aide médicale à mourir, Rosanne Beuthin les salue et parle des émotions complexes qui les animeront

nov. 06, 2016, Par: Rosanne Beuthin, inf. aut., Ph.D.

Nous vivons à présent dans un monde où des adultes compétents ont le droit de demander une aide médicale à mourir pour mettre un terme à leurs souffrances dans la dignité et le respect.

Fin juin, un nouveau rôle, inédit, m’a été confié au sein de notre régie de la santé. Je suis chargée de faciliter l’accès à l’information sur cette option en matière de soins et de coordonner les différents aspects des soins fournis dans le cadre de l’aide à mourir. J’aide notre personnel infirmier et les autres employés à comprendre les normes de pratique concernées ainsi que leur rôle.

Juste avant les premières morts planifiées, j’ai parlé avec les chefs de file des soins infirmiers et le personnel infirmier qui y participeraient, indirectement ou directement. J’ai entendu les doutes dans leur voix quand ils m’ont demandé à quoi ils devaient s’attendre pour leurs patients, d’un point de vue clinique, et quelles étaient les lignes à ne pas franchir dans leur champ de pratique, et quand ils m’ont fait part de leurs inquiétudes morales et déontologiques. Ces échanges m’ont beaucoup émue. En plus de veiller à ce qu’ils aient accès à des renseignements importants sur leurs obligations juridiques, réglementaires et déontologiques, je voulais leur offrir quelque chose de plus personnel. Et c’est pourquoi j’ai écrit une lettre à une équipe infirmière dans une unité de soins le matin où elle devait apporter une aide médicale à mourir et que j’en ai remis un exemplaire à chacun de ses membres. Par la suite, beaucoup m’ont remerciée et m’ont demandé s’ils pouvaient en partager le contenu avec d’autres personnes.

Au cours des quatre derniers mois, beaucoup de ces morts sont survenues dans notre régie de la santé. Tout en continuant d’orienter les infirmières et infirmiers vers des sources d’information sur la réglementation et vers notre programme d’aide aux employés, je leur donne aussi cette lettre, parce qu’on m’a dit qu’elle les touchait d’une autre façon. Je vous en offre humblement un extrait en espérant qu’elle vous guidera dans vos réflexions.

Aujourd’hui, d’un point de vue professionnel, ne jugez pas votre patiente pour avoir fait ce choix. En tant qu’adulte compétente, c’est son choix et son droit. C’est sa vie. Accompagnez-la de votre mieux, avec sensibilité et compassion. Elle a satisfait au critère de problèmes de santé « graves et irrémédiables ». Elle peut raisonnablement s’attendre à mourir prochainement. Nous ne savons pas quelles sont ses souffrances, leur intensité et la façon dont elle les vit. Ce qui est visible à l’extérieur ne reflète pas toujours ce qui se passe à l’intérieur. Sa souffrance est peut-être physique ou émotionnelle ou spirituelle ou... cela ne nous regarde pas. Nous pouvons imaginer et supposer ce qu’elle vit, ou bien nous en avons parlé avec elle au fil des jours et avons pu nous faire une toute petite idée de son expérience.

Mais il demeure que tel est son choix, ici, aujourd’hui. Son ultime souhait. De laisser derrière elle la douleur et la souffrance, de dire adieu à cette vie précieuse. Elle n’a pas choisi d’être malade, mais elle peut choisir comment et quand cela se terminera. Nous avons le privilège d’être témoins du cheminement des malades. Et cela ne va pas toujours de soi. Nous trouvons cela difficile, nous n’en sortons pas indemnes; c’est notre métier : nous prenons soin de tout le monde.

Merci à tous de votre professionnalisme et de votre compassion, aujourd’hui comme les autres jours.

P.S. Quand vous quitterez le travail tout à l’heure, chacun d’entre vous réagira à sa façon. Vous aurez peut-être envie de tranquillité pour réfléchir. Ou vous voudrez aller courir. Vous vous sentirez peut-être tristes ou apaisés. Ou encore émerveillés. Ou bien vous ne saurez pas très bien comment vous vous sentez. Chacun de nous est différent. Et nous apprenons tous ensemble. Et c’est bien comme ça.

--

Note de l’éditeur : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteure et ne reflètent pas nécessairement les politiques de l’AIIC.


Rosanne Beuthin, inf. aut., Ph.D., est experte-conseil en pratique infirmière à Island Health (Health Authority) et infirmière-chercheuse à l’école de sciences infirmières de l’université de Victoria.

#opinions
#amm
#santéetbien-êtredupersonnelinfirmier
#professionnalisme
0 comments
14 views

Connectez-vous pour laisser un commentaire