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Du Canada au Kenya et vice-versa : une quête de changement qui a mené à un désir de poursuivre mes études

  
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« J’espère pouvoir mettre à contribution ce que j’ai appris pour améliorer les conditions de vie. »

Par Mallory Browne
25 août 2025
Gracieuseté de Mallory Browne
Désireuse de découvrir le monde, Mallory Browne s’est rendue à plusieurs reprises au Kenya. Elle y a été témoin de nombreuses difficultés, mais aussi de majestuosités, comme les paysages du mont Kilimanjaro, situé au nord-est de la Tanzanie, près de la frontière du Kenya.

On dit que la véritable éducation commence après la fin de la scolarité obligatoire. Cette déclaration n’a jamais été aussi vraie, étant donné que les jeunes ne s’attendent pas à occuper le même emploi pendant des décennies comme l’ont fait leurs prédécesseurs. Pour rester à l’avant-garde, il est essentiel de faire preuve de souplesse, de se défaire des vieilles croyances et d’adopter de nouvelles voies. J’espère que mon histoire vous inspirera à faire de même.

Mon parcours jusqu’à présent a été marqué par la transformation. Après avoir obtenu mon baccalauréat en sciences infirmières, je me suis spécialisée en soins infirmiers périopératoires et j’ai suivi une formation en salle d’opération au BC Children’s Hospital à Vancouver.

Travaillant dans un établissement tertiaire, j’ai eu l’occasion de participer à de nombreuses interventions chirurgicales qui ont changé la vie, les membres et la vision de patientes et de patients, au sein d’équipes surspécialisées en neurochirurgie, orthopédie, urologie et ophtalmologie, et je me suis habituée au soutien sans failles dont je bénéficiais.

Au fil des ans, je me suis sentie à l’aise dans mon rôle et j’ai ressenti le besoin d’élargir mes compétences. J’ai décidé de quitter l’hôpital et d’accepter un poste d’infirmière itinérante en salle d’opération. Ce fut un changement majeur de travailler dans des hôpitaux ruraux situés dans des communautés de plus petite envergure. J’ai alors eu l’occasion de participer à de nombreuses interventions chirurgicales sur des adultes, notamment des opérations intestinales, des césariennes, des remplacements articulaires, des hystérectomies, des mastectomies et des résections de la prostate.

J’aimais le mode de vie d’infirmière itinérante. Je pouvais mettre à profit mes compétences existantes, m’adapter à des circonstances changeantes et m’épanouir tant sur le plan professionnel que personnel. Cependant, la transition d’un hôpital tertiaire vers un hôpital communautaire m’a fait prendre conscience des disparités qui existent dans les soins de santé, même dans un pays à revenu élevé comme le Canada.

Intriguée par ces disparités dans la répartition des ressources de santé et désireuse de découvrir d’autres horizons, j’ai réservé un billet d’avion et, après 26 heures de vol, je suis arrivée dans un pays très différent du mien : le Kenya, en Afrique de l’Est.

Nairobi, Kenya

J’ai passé mes premiers jours à Nairobi, la capitale du Kenya, à visiter la ville et à faire du tourisme. Tout était complètement différent du Canada. J’ai été surprise par le manque de ressources que je considérais comme acquis chez moi, en particulier l’eau potable. Les infrastructures de base étaient fonctionnelles, mais dans de nombreux quartiers, elles étaient en mauvais état. D’après ce que j’ai vu, il était clair que l’accès aux soins de santé était encore plus limité ici, avec moins de protections contre les dangers, que dans la plupart des communautés rurales où j’ai travaillé au Canada.

Les quartiers défavorisés occupent une grande partie de la ville. Des rangées de maisons en tôle ondulée, parfois empilées les unes sur les autres, se distinguent par la terre rouge volcanique qui recouvre les murs et les toits.

Gracieuseté de Mallory Browne
Deep Sea, un quartier semi-informel à Nairobi, au Kenya

Avec peu de passages piétonniers ou de trottoirs, les gens doivent courir pour éviter les matatus (autobus urbains) bondés et les boda bodas (motocyclettes) qui roulent à toute vitesse sur les routes.

La vie quotidienne

Les quartiers que j’ai visités sont des communautés animées, ayant des cultures individuelles, des couleurs vives, de la musique et un sentiment de cohésion, où les gens s’apprécient mutuellement. Ils rayonnent de positivité, de résilience et de bonheur général malgré le manque relatif de ressources et d’observance des règles élémentaires d’hygiène et de sécurité.

Les femmes sont vêtues de magnifiques kitenge, un tissu africain aux motifs colorés. Les mères baignent leurs jeunes enfants dans des seaux tandis que leur lessive sèche sur les terre-pleins centraux en béton. Les hommes se rendent au travail à pied ou à motocyclette. Les enfants d’âge scolaire se promènent en uniforme, toujours avides d’apprendre et impatients de vivre une nouvelle journée. Les jeunes enfants, âgés d’environ 5 ou 6 ans, s’occupent souvent de leurs frères et sœurs plus jeunes sans surveillance.

Gracieuseté de Mallory Browne
Marché en bordure de route où on y trouve une grande variété de kitenges, qui peuvent être utilisés comme paréos, nappes, tapis de pique-nique ou même pour confectionner des robes, des pantalons et des chemises

On trouve dans les kiosques en bordure de route une abondance de fleurs, de fruits et de légumes, de créations d’art et de vêtements. De jeunes hommes vendent de la canne à sucre, une pure gâterie, aux passants et aux personnes coincées dans les embouteillages. L’odeur du maïs grillé flotte dans le quartier : fraîchement grillé et assaisonné de lime et de piment, un mélange curieusement appétissant que je recommande vivement à tous les touristes. Il est évident que chaque personne a un rôle à jouer au sein de ces communautés.

Gracieuseté de Mallory Browne
Kiosque typique d’un duka (boutique) qui, pendant la saison des récoltes, serait rempli de fruits et de légumes

La nécessité des soins

En traversant Ongata Rongai, un canton situé au sud-est de Nairobi, des enfants peinaient à pousser les fauteuils roulants de leurs proches handicapés dans les rues pavées et accidentées, en se faufilant entre les piétons qui se pressaient devant les boutiques vendant toutes sortes de marchandises, parmi lesquelles les bars, les boucheries, les quincailleries et les pharmacies étaient de loin les plus populaires. La route à une seule voie du chemin Magadi était la principale artère d’approvisionnement et, sans doute, la ligne de vie de cette ville. Les embouteillages sont donc incroyables. Tellement de choses ont capté mon attention que je n’ai même pas vu le temps passer.

En tant qu’infirmière en chirurgie orthopédique, j’ai remarqué quelques personnes présentant des déformations des membres inférieurs qui pourraient être corrigées. Avec pratiquement aucun trottoir ni rampe d’accès, je ne pouvais qu’imaginer leurs difficultés quotidiennes pour se déplacer.

Je pense que ce n’est qu’en étant témoin de certaines de ces scènes dans des régions reculées des pays du Sud que l’on prend conscience des inégalités et des injustices qui existent dans le monde, surtout en matière d’accès aux services de base (aliments, eau, hygiène et système sanitaire, logement, éducation et services de soins de santé).

Gracieuseté de Mallory Browne
Mallory Browne en safari en Afrique de l’Est

Poursuite d’études supérieures

Je sais que mes séjours au Kenya n’étaient qu’une infime partie de l’iceberg, je n’en ai vu que la surface. Il y a beaucoup à apprendre des différents pays et cultures à travers le monde, et plus j’en apprenais, plus je voulais en savoir davantage.

En comparant les similitudes et les différences entre les systèmes de santé du Canada et du Kenya, j’ai eu envie de poursuivre mes études. Je me suis inscrite à la maîtrise en sciences de la santé publique à la London School of Hygiene & Tropical Medicine en Angleterre et j’ai été ravie d’être acceptée.

Bien que je n’aie pas encore terminé le programme, j’ai acquis de nombreuses connaissances en promotion de la santé, en économie, en prestation des services de santé, en épidémiologie et en statistiques. Je continue de faire des allers-retours à Nairobi et, à chaque visite, j’apprécie de plus en plus la possibilité de mettre en pratique les connaissances que j’acquiers dans le cadre de mes études supérieures en santé publique dans mon travail d’infirmière.

De plus, il existe de nombreuses organisations qui œuvrent à l’amélioration de la santé, que j’aimerais découvrir une fois que j’aurai obtenu les qualifications nécessaires. Je souhaite mieux comprendre le contexte local en matière de soins de santé et contribuer activement à la lutte contre les inégalités susmentionnées. Cette démarche est d’autant plus pertinente dans les zones rurales du Kenya, car de nombreux centres urbains disposent d’établissements de soins de santé de classe mondiale. (Il est vrai que nombre d’entre eux sont privés et que leur accès est hors de portée des citoyennes et citoyens ordinaires. Il s’agit probablement d’un héritage du colonialisme, dans le sens où des structures ont été mises en place pour répondre aux besoins d’une minorité privilégiée, sans tenir compte de la majorité autochtone, un héritage qui prendra probablement des décennies à aplanir.)

Aller de l’avant : leçons tirées du Kenya

Le système de santé canadien n’est peut-être pas parfait, mais je suis reconnaissante pour la sécurité routière, la sécurité alimentaire et d’autres mesures préventives qui protègent notre système de santé contre le poids des maladies évitables, sans oublier les avantages tels que le financement public suffisant. On dit qu’une fois que l’on a pris soin de soi-même et de sa famille immédiate, il est temps de penser à la communauté au sens large. J’encourage tout le monde à essayer de trouver des moyens d’améliorer la santé générale de son quartier, même si cela peut être aussi simple que de tendre la main à des ami(e)s ou à des étrangers dans le besoin.

Mes séjours au Kenya m’ont permis de trouver ma mission. Ce que j’apprends actuellement dans le cadre de ma maîtrise en santé publique me semble d’autant plus pertinent que si je n’avais pas pris le temps et l’occasion de voyager. J’espère pouvoir mettre à contribution ce que j’ai appris pour améliorer les conditions de vie. Alors que je continue à évoluer, j’encourage les lectrices et lecteurs à explorer avec curiosité les voies qui leur ont été d’intérêt ou qui le sont encore. Combinée à des connaissances appropriées et à une volonté d’apprendre et de grandir, cette démarche pourrait bien vous mener vers un endroit qui vous plaira.


Mallory Browne est infirmière autorisée en salle d’opération et étudiante à la maîtrise en santé publique à la London School of Hygiene & Tropical Medicine à Londres, en Angleterre.

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