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Quoi faire pour changer le récit sur la réduction des méfaits et le transformer en perspective respectueuse et fondée sur des données probantes

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2025/08/05/change-the-narrative-on-harm-reduction

En confrontation avec une opinion négative, misons d’abord sur les faits

Par Dianne Dyer
5 août 2025
istockphoto.com/monstArrr_
La réduction des méfaits est une étape vitale dans le cheminement souvent complexe vers le choix du traitement et le rétablissement. L’objectif est de maintenir les gens en vie jusqu’à ce qu’ils prennent la décision de faire le premier pas vers le traitement de leur choix et qu’ils soient aptes à le faire.

« Les toxicomanes rendent nos communautés dangereuses et devraient être en prison! »

« Les gens peuvent arrêter de consommer des drogues s’ils le veulent. Ce n’est qu’une question de volonté! »

« Les sites d’injection supervisés sont des repaires de drogues et encouragent la consommation! »

« Nous devons nous concentrer uniquement sur l’abstinence et le rétablissement. C’est la seule solution. »

Avez-vous entendu ces commentaires de la part de politiciens, de médias sociaux et peut-être des membres de votre voisinage ou de votre cercle d’amis ou des collègues? Ces commentaires sont souvent fondés sur la peur, la confusion, les émotions, les mythes, les ouï-dire, certaines expériences de la vie réelle, les croyances religieuses et certaines idéologies à saveur politique. Alors, que pouvez-vous faire, en tant que membre du personnel infirmier, pour changer le message en faveur d’une perspective compatissante, fondée sur des données probantes, respectueuse et conforme à votre rôle en vertu du Code de déontologie des infirmières et infirmiers.

Gracieuseté de Dianne Dyer
« Il n’est pas facile de changer les mentalités et les perspectives des personnes qui s’opposent à la réduction des méfaits et qui croient à la désinformation. Cependant, les renseignements précis que vous détenez en tant qu’infirmière ou infirmier peuvent être un outil puissant », dit Dianne Dyer.

Ce n’est pas une tâche facile. Certaines personnes changeront d’avis grâce aux faits, aux connaissances et à une meilleure compréhension. D’autres ont des opinions profondément ancrées depuis des années et, malheureusement, vous ne pourrez peut-être jamais les faire changer d’idée. En tant qu’infirmière autorisée travaillant depuis 44 ans à l’urgence, en santé publique, en traumatologie, dans les communautés urbaines défavorisées et en toxicomanie et en tant qu’infirmière responsable, je sais qu’il peut être difficile, voire très difficile, de changer de point de vue. J’ai travaillé à la distribution initiale de trousses de naloxone à emporter à domicile et à l’établissement d’un site de consommation supervisé (SCS) à Calgary et de deux sites de traitement par agonistes opioïdes injectables (TAOi) en Alberta. J’ai aussi rédigé une politique provinciale sur la réduction des méfaits.

Les réactions défavorables et les commentaires récalcitrants étaient assez fréquents et décourageants, mais mon objectif était puissant et inspirant. Le but était d’essayer de sauver des vies en se fondant sur des données probantes. À l’époque, j’étais entourée de braves dirigeantes et dirigeants qui reconnaissaient que ce travail était difficile et controversé et soutenaient mes efforts. Par exemple, un membre de notre conseil d’administration en soins de santé a assisté à la présentation de notre politique sur la réduction des méfaits. Ses mots étaient perspicaces : « Cette politique consiste vraiment à faire preuve de bienveillance envers les autres. » Quelle belle perspective, sans prétention, et au cœur de ce travail!

Plaider en faveur de l’abstinence comme la seule solution en matière de traitement, de rétablissement ou de mesure coercitive, au détriment de mesures de réduction des méfaits, ne prend pas assise sur des données probantes. Mettre l’accent sur un seul domaine plutôt qu’un autre peut être vain et néfaste. La réduction des méfaits est une étape vitale dans le cheminement souvent complexe vers le choix du traitement et le rétablissement. L’objectif est de maintenir les gens en vie jusqu’à ce qu’ils prennent la décision de faire le premier pas vers le traitement de leur choix et qu’ils soient aptes à le faire. La stigmatisation peut empêcher les personnes qui consomment des substances de rechercher l’aide dont elles ont désespérément besoin et avoir des conséquences mortelles dans certains cas. Les infirmières et infirmiers qui adoptent des mesures de réduction des méfaits dans les relations thérapeutiques peuvent contribuer à minimiser les risques et à faire en sorte que leur clientèle ne se sente pas rejetée et humiliée en raison des politiques, des pratiques et des règles.

Alors, encore une fois, que pouvez-vous faire en tant qu’infirmière ou infirmier? Les membres du personnel infirmier disposent d’une occasion unique en tant que fournisseurs de soins de santé digne d’une grande confiance. Ils interagissent directement avec les patients, les familles, les autres fournisseurs de soins de santé et le public chaque jour. Il est vrai que les gens consomment des substances pour de nombreuses raisons. Beaucoup auront des histoires inimaginables de traumatismes, de douleur et de pertes dans leur enfance ou à l’âge adulte. Certaines personnes choisiront de s’orienter vers l’abstinence uniquement, tandis que d’autres pourront rechercher un traitement médicalement supervisé qui évoluera au fil du temps à mesure qu’elles s’adapteront au traitement proposé. La prise en charge des patients atteints de psychose en raison de la méthamphétamine ou en état de sevrage peut certes être difficile, mais comme les autres patients dont vous vous occupez, ils méritent des soins experts optimaux et compatissants que vous pouvez leur offrir tout en assurant votre sécurité.

Pour entamer cette conversation, écoutez leur point de vue et découvrez d’où provient leur information et pourquoi ils y croient. Adaptez votre réaction à leur réaction et tenez-vous en aux faits et aux données probantes. Ne supposez pas que vous pouvez changer leur point de vue. Voici les faits :

  • La toxicomanie n’est pas un choix. C’est une maladie grave, au même titre que les maladies cardiaques ou le diabète. La consommation de substances change la physiologie du cerveau. Ces changements entraînent une consommation répétée pour éviter la douleur et la souffrance du sevrage. Le traitement prend du temps et peut être difficile et effrayant pour certains. Comme les rechutes sont fréquentes, on devrait encourager la personne à reprendre le traitement sans jugement ni honte et la soutenir dans cette démarche. Le traitement devrait faire l’objet d’un suivi, être supervisé médicalement et comprendre un cheminement vers des services d’accompagnement pour traiter les traumatismes non résolus et soutenir les changements de vie qui pourraient être nécessaires (par exemple, services sociaux, consultation, logement, mise en observation des cas).
  • Le SCS ou le site de prévention des surdoses (SPS) est une initiative de réduction des méfaits qui se veut une porte ouverte et accueillante empreinte de compassion, sans jugement ou stigmatisation. Les personnes consomment des substances qu’elles ont acquises hors site, sous la supervision du personnel formé et peuvent souvent établir des relations avec le personnel au fil du temps. Le personnel « va à la rencontre des gens là où ils se trouvent ». Les SCS ou les SPS devraient pouvoir offrir des orientations vers les services sociaux, le logement et le traitement tous les jours. L’orientation peut être l’occasion de changer une vie vers le rétablissement. Ces sites sauvent des vies.
  • Des recherches ont démontré que les mesures de réduction des méfaits réduisent la consommation de substances en public, les déchets liés à la consommation de substances, les risques de VIH et d’hépatite C, ainsi que les vols et les crimes contre les biens. Stigmatiser ou criminaliser le comportement de consommation de substances d’une personne peut l’amener à consommer sans surveillance dans un monde où la honte, la criminalité grave et le désordre peuvent être monnaie courante. La réduction des méfaits devrait être une étape dans le continuum des soins vers le rétablissement.

Il n’est pas facile de changer les mentalités et les perspectives des personnes qui s’opposent à la réduction des méfaits et qui croient à la désinformation. Cependant, les renseignements précis que vous détenez en tant qu’infirmière ou infirmier peuvent être un outil puissant. Vous pouvez poser des gestes concrets. Chaque personne aux prises avec une dépendance est une sœur ou un frère, une mère ou un père, une fille ou un fils, une tante ou un oncle. Chaque personne compte et appartient à une famille. Montrez à ces personnes que vous vous en souciez et qu’elles peuvent vous faire confiance.


Dianne Dyer, B. Nurs., M. Nurs., est infirmière autorisée retraitée de Calgary. Elle possède une vaste expérience en toxicomanie et en santé mentale et est actuellement bénévole auprès de SafeLink Alberta, de Mustard Seed et de la Calgary Seniors’ Resource Society.

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