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Suppléments de vitamine D : leçons à tirer de l’expérience du R.-U.

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2017/01/06/lessons-from-the-uk-about-vitamin-d-supplementatio
janv. 06, 2017, Par: Susan Whiting, Ph.D.

En juillet 2016, le Scientific Advisory Committee on Nutrition (SACN) du Royaume-Uni a publié un rapport sur la vitamine D. Il y révisait l’apport recommandé et y formulait des conseils au gouvernement sur les façons de procéder pour l’augmenter. Pour sa part, Santé Canada n’a proposé aucun conseil pour respecter les recommandations de l’Institute of médecine, qu’il a pourtant adoptées il y a six ans.

La vitamine D est un nutriment atypique en ce sens que de brèves expositions au soleil tout au long de l’année devraient suffire pour satisfaire nos besoins. Dans les pays nordiques, cependant, les UVB sont insuffisants pour que la peau arrive à synthétiser la vitamine D. Il faut donc y recourir à d’autres sources de vitamine D d’octobre à mai et en cas d’absence complète d’exposition au soleil en été. Il est important de noter que c’est le soleil de milieu de journée, de mai à octobre, qui contient assez d’UVB, lorsque l’indice UV est supérieur à 3, pour permettre la production de vitamine D.

D’après les données, la majorité des Canadiens ont besoin d’un apport quotidien de 600 UI. C’est la quantité minimum pour éviter des carences modérées à graves, celles-ci se traduisant par le rachitisme (chez les enfants) et l’ostéomalacie (chez les adultes). L’alimentation seule ne permet pas cet apport.

Les Canadiens ingèrent en moyenne 200 UI. Ceux qui utilisent des suppléments parviennent à un bon apport, mais ils ne représentent que 30 % de la population. Les poissons gras sont le seul aliment courant qui est une source naturelle de vitamine D. L’enrichissement du lait et de la margarine est obligatoire au Canada depuis les années 1970, et l’ajout de vitamine D a récemment été autorisé dans d’autres aliments, dont le jus de fruits, le lait de soja et les céréales pour déjeuner.

Puisqu’il est difficile d’avoir un apport suffisant rien qu’avec des sources alimentaires naturelles, le SACN a recommandé de donner la priorité à la recherche de solutions alimentaires. Le comité a de plus vivement recommandé à la population du R.-U. de prendre des suppléments de vitamine D en hiver, lorsque l’exposition aux UVB n’est pas possible. Et, comme le coût des suppléments peut poser problème pour les personnes à faible revenu, le R.-U. propose gratuitement les suppléments à certaines femmes enceintes et familles ayant des enfants de moins de 5 ans.

Au Canada, en rendant obligatoire l’enrichissement en vitamine D de certains aliments de base et en encourageant les personnes âgées à prendre un supplément, on a évité les carences graves chez la plupart des gens. Néanmoins, depuis la publication de la recommandation d’un apport de 600 UI pour toute personne entre un et 70 ans (et 800 UI après 70 ans), seuls Ostéoporose Canada, la Vitamin D Society, Pure North et d’autres groupes pour qui la supplémentation est une priorité ont publié des conseils diététiques.

Douze millions de Canadiens ont un taux sanguin de vitamine D insuffisant. Des stratégies efficaces sont nécessaires pour améliorer la situation, car il ressort des recherches qu’en plus de la santé des os, les bienfaits de la vitamine D sont multiples : risques réduits de cancer, de maladie cardiovasculaire, de démence, de diabète sucré, de sclérose en plaques et d’infection respiratoire. Par ailleurs, selon une étude publiée dans la revue Dermato-Endocrinology, chaque année, les carences en vitamine D entraînent pour 12,5 milliards de dollars de frais directs et indirects et contribuent à 23 000 décès prématurés.

Non seulement il faut une campagne de sensibilisation dans ce pays, de toute urgence, mais il faut aussi doubler l’enrichissement en vitamine D des aliments déjà fortifiés et augmenter le nombre d’aliments fortifiés pour permettre à plus de Canadiens d’ingérer en moyenne 400 UI par jour. Bien que l’apport recommandé de vitamine D ait triplé en 2010, l’enrichissement des aliments n’a pas suivi.

Enfin, il faudrait réfléchir à des habitudes exploitant le soleil en toute sécurité (encourager une brève exposition au soleil avant d’appliquer de l’écran solaire, par exemple) et les promouvoir.

De telles stratégies amélioreraient le taux de vitamine D des Canadiens et leur santé.


Susan Whiting, Ph.D., est conseillère scientifique auprès de la Vitamin D Society et professeure au collège de pharmacie et nutrition de l’Université de la Saskatchewan.

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