Blog Viewer

Infirmière et fière de l’être : sortir des sentiers battus

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2025/05/15/proud-to-be-a-nurse

La sénatrice Joan Kingston incarne l’esprit de la Semaine nationale des soins infirmiers en se faisant le porte-voix des infirmières du réseau de la santé

Par Joan Kingston
15 mai 2025
Stephen MacGillivray / employé du Sénat
Photo de gauche : Cérémonie de remise des médailles du couronnement du roi Charles III, le 21 mars 2025, à la résidence officielle de la lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick, la Résidence du gouverneur, à Fredericton (Nouveau-Brunswick). Rangée du fond, de gauche à droite : Martha Vickers, infirmière praticienne; Suzie Durocher-Hendriks, infirmière autorisée; Paula Doucet, infirmière autorisée; Cheyenne Joseph, infirmière autorisée. Rangée du devant, de gauche à droite : Chantal Ricard, infirmière praticienne; l’honorable Joan Kingston, infirmière autorisée, fellow de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, baccalauréat en sciences infirmières, sénatrice du Nouveau-Brunswick; l’honorable Louise Imbeault, O.C., O.N.B., lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick; Lise Guerrette-Daigle, infirmière autorisée (à la retraite). Photo de droite : Cérémonie de remise des médailles du couronnement du roi Charles III, le 27 mars 2025, au Sénat du Canada, à Ottawa. De gauche à droite : l’honorable Joan Kingston, infirmière autorisée, fellow de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, baccalauréat en sciences infirmières, sénatrice du Nouveau-Brunswick; Sharon Hamilton, infirmière praticienne; Isabelle Wallace, infirmière autorisée; Lorna Butler, infirmière autorisée, Ph. D, fellow de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada.

Note de la rédaction :la Semaine nationale des soins infirmiers aura lieu du 12 au 18 mai 2025. Cette année, elle aura pour thème « Le pouvoir des infirmières et infirmiers de transformer la santé ».


« Je suis fière d’être une infirmière parce nous laissons notre marque dans la société tous les jours. J’ai eu l’occasion de rencontrer les parents de bébés dont je me suis occupée il y a très longtemps, et voici ce qu’ils m’ont dit : “Vous souvenez-vous de cette journée-là?” et sans dire un mot de plus, les événements dramatiques qui nous unissaient nous revenaient à la mémoire. Je suis fière parce que, ce jour-là, je n’ai peut-être pas fait les manchettes, mais j’ai changé la vie de plusieurs personnes. »

C’est sur ces mots que j’ai commencé le discours qui a suivi mon entrée en fonctions à titre de présidente de la 77e rencontre annuelle de l’Association des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick (AIINB), en mai 1993.

Ma carrière d’infirmière a débuté en 1978 et j’ai passé plusieurs années à l’unité néonatale des soins intensifs à m’occuper de jeunes familles, y compris pendant l’accouchement et à la naissance. Pendant toutes ces années, j’ai suivi les conseils de mes mentores — dont mes enseignantes, mais pas seulement — et je me suis inscrite à diverses associations professionnelles (provinciales, nationales et internationales) dans mon domaine de spécialité. C’est le contact avec ces groupes qui m’a inspirée et poussée à me faire le porte-voix des infirmières du réseau de la santé et à prendre fait et cause pour l’égalité et la justice sociale en général.

Je suis entrée au conseil d’administration de I’AIINB à titre d’administratrice régionale. Au début des années 1980, j’ai fait partie de l’équipe qui a réussi à convaincre les autorités de la province de moderniser la Loi sur les infirmières et infirmiers. À l’époque où j’étais présidente désignée de l’Association, au début des années 1990, j’étais à la tête de son comité de planification stratégique lorsqu’elle a décidé de faire pression pour que la défense des politiques de santé publique fasse partie de sa mission. Ce sont ces expériences qui ont mené mes élans de militante sur d’autres tribunes, plus larges. Tout au long de ma carrière, j’ai défendu l’idée d’un réseau de la santé global, intégré et efficace qui, oui, offrirait les services de santé traditionnels, mais qui s’intéresserait aussi aux déterminants sociaux de la santé.

Mon passage au conseil d’administration de l’AIINB a aussi fait germer dans mon esprit l’idée que la scène politique avait besoin de plus d’infirmières, ce qui viendra finalement un peu plus tard. Avant de me lancer en politique, j’ai présidé le Conseil consultatif sur la situation de la femme, où je me suis surtout intéressée à l’indépendance économique et à l’équité salariale, car il n’y a pas de déterminant de la santé plus important que le revenu.

J’ai été élue à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick en 1995 et j’ai été ministre de l’Environnement, ministre du Travail, ministre responsable de la Commission des droits de la personne et ministre titulaire du Comité sur le multiculturalisme. À l’époque où j’étais ministre du Travail, j’ai notamment réussi à obtenir des fonds pour aider les femmes bénéficiaires de l’aide sociale à démarrer leur propre entreprise en fonction de leurs forces et atouts et à se perfectionner. Je suis fière de dire que ces femmes ont finalement atteint l’indépendance économique et ont pu vivre une meilleure vie.

Une dizaine d’années après avoir fait mon chemin en politique élue, j’ai été nommée secrétaire principale du Cabinet du premier ministre du Nouveau-Brunswick, et c’est à ce titre que j’ai directement contribué à la mise sur pied du plan d’inclusion économique et sociale de la province, Ensemble pour vaincre la pauvreté. Ce plan a mené à l’adoption par l’Assemblée législative de la loi qui créait la Société d’inclusion économique et sociale et la chargeait d’élaborer, de superviser, de coordonner et de mettre en œuvre des initiatives visant à réduire la pauvreté et à aider des milliers de Néo-Brunswickois à atteindre l’autosuffisance.

Je suis revenue aux soins infirmiers en 2011 au moment où je suis devenue infirmière enseignante. Avec mon expérience précieuse, on m’a aussi demandé de pérenniser une petite clinique communautaire mise sur pied par la Faculté de sciences infirmières de l’Université du Nouveau-Brunswick. C’est ce qui a mené à la conception et à l’établissement d’un partenariat inédit entre l’Université du Nouveau-Brunswick et le réseau de santé Horizon, le Centre de santé communautaire du centre-ville de Fredericton.

Ce centre est une clinique interdisciplinaire administrée par des infirmières et offrant des soins de première ligne aux personnes qui n’y ont pas accès, y compris aux populations vulnérables. Cet établissement d’enseignement est sans pareil au Canada, car il offre un programme intégrant tout à la fois la prestation des soins de santé, l’éducation et la recherche dans un contexte axé sur les soins primaires et sur la réduction des méfaits. Il s’agit en quelque sorte d’un laboratoire vivant pour l’instruction interdisciplinaire des étudiants et d’une plaque tournante pour les partenariats communautaires s’intéressant aux déterminants sociaux de la santé. Le Centre de santé communautaire du centre-ville de Fredericton favorise l’exploration et l’innovation dans la prestation communautaire des soins de santé et la recherche appliquée et il est reconnu pour offrir des expériences d’apprentissage et de recherche dans une multitude de disciplines tout en offrant des soins de santé primaires, dont des programmes de sensibilisation offerts en collaboration avec des partenaires communautaires.

Même si ma carrière ne ressemble à aucune autre, je me suis toujours considérée comme une infirmière — j’ai d’ailleurs toujours conservé mon permis de pratique — et c’est encore vrai depuis que je suis arrivée au Sénat du Canada, en 2023. Les sénateurs proviennent d’horizons professionnels, ethniques, socioéconomiques et culturels variés et ils savent tirer parti de la sagesse que leur inspire leur expérience pour que la voix des minorités résonne haut et fort entre les murs du Parlement. Les candidatures sénatoriales sont passées en revue par un comité indépendant, qui transmet ensuite ses recommandations au premier ministre. Je crois que ma candidature a été retenue en bonne partie parce que je suis une infirmière et qu’à ce titre, j’offre un point de vue intéressant. Les infirmières devraient être de toutes les discussions, chaque fois qu’une décision doit être prise. En tant que parlementaire, je peux influer sur bon nombre de questions d’actualité — je pense par exemple à la Loi sur l’assurance médicaments qui a été adoptée dernièrement.

Le réseau de la santé évolue sans cesse. Les infirmières en sont la colonne vertébrale. Sans elles, le réseau est paralysé. Et le jour où elles pourront exercer la gamme complète de leurs compétences, le réseau se tiendra droit et n’aura plus rien à craindre. Comme l’a suggéré dernièrement l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, nous pouvons bâtir un Canada en meilleure santé, propulsé par les infirmières.

De la même façon qu’il ne saurait y avoir de réseau de la santé sans soins infirmiers, il ne saurait y avoir de soins infirmiers sans infirmières. Comme je le disais récemment au Sénat :

« Les infirmiers sont partout dans le réseau de la santé. Environ 55 % d’entre eux travaillent en milieu hospitalier. Alors si vous vous ramassez aux urgences à 2 heures du matin un de ces jours, je peux vous garantir que le professionnel qui vous accueillera sera fort probablement un infirmier. »

Les soins de première ligne constituent un domaine où les infirmières autorisées peuvent vraiment laisser leur marque. Quant à la profession d’infirmière praticienne, elle figure parmi celles qui croissent le plus rapidement de tout le milieu de la santé.

J’estime que le meilleur moyen d’améliorer la santé de la population serait d’accroître la présence des infirmières autorisées et des infirmières praticiennes dans les soins de première ligne offerts en milieu communautaire, car elles permettraient d’améliorer l’accès à ces soins et de mieux gérer les maladies chroniques. Les infirmières qui œuvrent en milieu communautaire tiennent compte des répercussions des déterminants de la santé et de l’importance de la santé publique chaque fois qu’elles répondent aux besoins de leurs patients et de leurs familles, en collaboration avec les autres professionnels de la santé et leurs partenaires communautaires. Militantes redoutables et collaboratrices hors pair, elles réussissent à créer les conditions intersectorielles et intégrées nécessaires pour répondre aux besoins des patients et contribuer à la santé globale de la population.

Dans la profession, les infirmières doivent faire en sorte que chacune ait la même valeur et la même influence que les autres. Quel que soit le contexte, celles qui occupent des fonctions autres que cliniques — administratives ou académiques, par exemple — doivent collaborer avec celles qui offrent des soins directs à la population si l’on souhaite créer un milieu propice et épanouissant qui permet à chacune de bien faire son travail et de tirer le maximum de ses compétences.

Comme le disait dernièrement l’infirmière en chef du Canada, Leigh Chapman :

« Les infirmières et les infirmiers sont la pierre angulaire de notre système de santé. Pourtant, au Canada, trop d’entre eux souffrent de problèmes de santé mentale, d’épuisement professionnel ou de détresse et se sentent débordés et peu valorisés, ce qui les pousse à quitter leur emploi. [Les] administrateurs du système de santé et [les] responsables des services infirmiers [ont] l’occasion de contribuer directement à la réalisation de changements au sein du système de santé, notamment l’amélioration du soutien en matière de santé mentale et de bien-être offert aux infirmières et infirmiers afin qu’ils puissent rester en bonne santé mentale, émotionnelle et spirituelle et continuer à prendre soin de nous. »

La promotion d’un sentiment d’égalité parmi les membres de la profession permettra aux infirmières d’occuper des postes stratégiques où elles pourront faire valoir leur métier et son utilité, que ce soit dans le réseau de la santé ou ailleurs. L’autoréglementation de notre profession permet de bonifier les partenariats équitables entre les infirmières, le public et la société. Les professions qui ne cherchent pas à obtenir la confiance du public voient leur force sociale décliner rapidement. Pourtant, il ne suffit pas de s’acquitter de responsabilités réglementaires pour garantir les meilleurs soins de santé qui soient au grand public. Les professionnels de la santé que nous sommes doivent pouvoir parler d’une voix forte et autonome, ils doivent pouvoir compter sur les organismes de réglementation et les syndicats pour s’acquitter de leurs responsabilités publiques, promouvoir et influencer les politiques de santé publique et favoriser les types de soins infirmiers susceptibles de transformer le réseau de la santé.

Je crois en nous et je suis fière de pouvoir compter sur vous pour m’aider à façonner l’avenir de notre profession.

En terminant, je tiens à saluer mes consœurs infirmières de partout au Canada : Célébrez la Semaine nationale des soins infirmiers! Soyez fières! Restez fortes et menez votre carrière comme VOUS l’entendez. Vous changez la vie des gens au quotidien.


L’honorable Joan Kingston, infirmière autorisée, fellow de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, baccalauréat en sciences infirmières, sénatrice du Nouveau-Brunswick, a une vaste expérience des soins infirmiers, du milieu de la santé et de la gestion des ressources humaines. Elle a été députée à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick de 1995 à 1999 et elle siège au Sénat depuis octobre 2023.

#carrière
#plaidoyer
#étapesdecarrière
#santécommunautaire
#lois
#politiquessanitaires
#leadership
#rôlesinfirmiers
#déterminantssociauxdelasanté

0 comments
3 views

Connectez-vous pour laisser un commentaire