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Est-ce que vous voyez la différence et la diversité comme des atouts?

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2018/05/04/do-you-value-difference-and-embrace-diversity-as-a

Nous devons rechercher la compétence culturelle si nous voulons supprimer les disparités et les injustices historiques dans l’état de santé des personnes de diverses origines raciales, ethniques et culturelles.

mai 04, 2018, Par: Salma Debs-Ivall, inf. aut., Ph. D.

Tôt ou tard, toutes les infirmières et infirmiers vivront une expérience transformatrice qui leur fera modifier leur trajectoire professionnelle. Dans mon cas, c’était quand j’ai dû faire une réanimation cardio-respiratoire à ma mère puis aider ma famille à s’y retrouver dans le système de soins de santé pour s’assurer de sa sécurité physique et culturelle. Même si nous avions prévenu le personnel infirmier qu’elle serait très désorientée à son réveil, nous n’avons pas été autorisés à être à son chevet et nous avons dû attendre, anxieux, dans le couloir. À un moment, entendant l’agitation, je me suis précipitée dans la chambre et j’ai trouvé les infirmières essayant de la retenir alors qu’elle m’appelait à son secours. Bien qu’elle ait parlé anglais couramment, sa crise et son arrêt cardiaque le lui avait fait oublier et elle ne pouvait communiquer que dans sa langue maternelle – ce qui ajoutait à l’obstacle culturel. Elle était terrifiée quand elle s’est réveillée dans un endroit inconnu, entourée d’étrangers et honteuse qu’ils veillent à ses besoins personnels. Elle avait besoin de sa famille pour ses soins intimes, un simple besoin culturel qui, si les infirmières l’avaient évalué avec respect et humilité, aurait pu être aisément satisfait.

Ce fut là la première d’une longue série d’expériences qui ont orienté ma carrière de plus de 20 ans et m’ont amenée à me faire la championne de la compétence culturelle, par le biais de la défense des droits, la recherche, l’enseignement et l’écriture.

Bien que ce soit nous, infirmières et infirmiers – les premiers à reconnaître la culture comme une dimension absente des soins – qui avons créé le domaine des soins transculturels, nous avons aussi largement contribué à la confusion qui entoure ces concepts. Nous avons brouillé les distinctions entre compétence culturelle, sensibilisation culturelle, sensibilité aux cultures et sécurité culturelle, allant jusqu’à assimiler soins axés sur le patient et compétence culturelle dans les soins infirmiers. De ce fait, notre compréhension de la compétence culturelle et de son importance a été diluée.

La plupart d’entre nous seraient d’accord pour dire que, lorsqu’on parle de devenir compétent d’un point de vue culturel, on parle des connaissances, des aptitudes et des attitudes que l’on acquiert pour que les patients soient soignés dans le respect de leur culture. La plupart des recherches publiées sont axées sur les connaissances et les aptitudes et non sur les attitudes que le personnel infirmier doit avoir pour franchir les obstacles culturels. L’opinion qui prévaut est que nous devrions éviter les stéréotypes et les idées préconçues. C’est un très bon conseil, mais ça ne suffit pas. Au cœur de notre pratique, il y a nos attitudes, qui déterminent comment et avec qui nous établissons des relations thérapeutiques. Le respect des visions différentes du monde, l’humilité face aux déséquilibres des pouvoirs, l’acceptation de ce qui est important pour les patients, le souci d’équité, l’ouverture aux méthodes de guérison traditionnelles et la souplesse de pouvoir intégrer les pratiques culturelles dans le plan de soins sont essentiels.

Des idées fausses profondément ancrées dans notre société et nos systèmes, marginalisant et racialisant ceux qui sont perçus comme « inférieurs » pour la simple raison qu’ils sont différents, ont conduit à des actions honteuses et même des atrocités – et continuent de ce faire. J’aimerais croire qu’être marginalisés et racialisés du fait d’attributs comme l’âge, le sexe et l’appartenance ethnique n’est pas ce que vivent les patients différents dans leurs interactions avec le personnel infirmier. Je crains cependant que ce soit trop souvent le cas.

Nous continuons à inculquer aux nouveaux professionnels que la médecine occidentale est supérieure et le patient un ensemble de symptômes et, au bout du compte, un diagnostic. Bien qu’il soit prouvé que les maladies sont présentées, vécues et traitées à travers le filtre de notre culture, la compétence culturelle continue d’être reléguée aux marges des programmes d’études infirmières.

Dans notre pratique, puisque nous ne voyons pas toutes les rencontres comme des rencontres culturelles, procéder à une évaluation culturelle de chaque patient n’est pas une priorité pour nous. Quand nous procédons à une évaluation, nos attitudes nous empêchent parfois de répondre aux besoins culturels des patients dont nous devrions nous occuper tout en assurant la sécurité culturelle de chacun d’entre eux, ainsi que sa famille.

Ce n’est que quand nous commencerons à apprécier la différence à sa juste valeur et à voir la diversité comme un atout que nous pourrons parvenir à un niveau supérieur de compétence culturelle.


Salma Debs-Ivall, inf. aut., Ph. D., est consultante principale, Debs-Ivall Consulting Inc. Elle faisait partie du comité de rédaction de l’énoncé de position de l’AIIC Encourager la compétence culturelle dans les soins infirmiers.

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