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Des infirmières en cardiologie et en oncologie unissent leurs efforts

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2016/05/01/cardiology-and-oncology-care-providers-join-forces

Les patients traités pour un cancer voient parfois leur qualité de vie et leur survie compromises par la cardiotoxicité.

mai 01, 2016, Par: Susan Pennell-Sebekos
Nurses looking over documents on a clipboard.
istock.com/SelectStock

Avec l’amélioration des traitements et de la gestion de nombreux cancers, le taux de survie des patients a augmenté ces 25 dernières années. Il s’ensuit que la cardiotoxicité, un effet secondaire de nombreuses radiothérapies et chimiothérapies, touche plus de patients.

Le diagnostic d’un cancer agressif des sinus avait déjà fortement ébranlé Mark Jones*, mais la découverte qu’il fallait interrompre à cause de problèmes cardiaques la chimiothérapie dont il avait besoin de toute urgence a été dévastatrice. Pendant sa première perfusion, il a éprouvé une douleur au bras droit et à la poitrine. On a arrêté la perfusion, et il a été immédiatement transféré dans une unité de surveillance cardiaque. Malgré un angiogramme coronaire normal, des signes indiquaient une insuffisance cardiaque. Sa chimiothérapie a été suspendue.

M. Jones a eu la chance de recevoir ses perfusions au Health Sciences Centre (HSC), à Winnipeg. Darlene Grantham, infirmière clinicienne spécialisée en oncologie, et Karen Throndson, infirmière clinicienne spécialisée en cardiologie, l’ont vu ensemble en consultation et ont aidé à soutenir et informer sa famille. Toutes deux membres de l’équipe de cardio-oncologie, elles ont veillé à ce que ses papiers de sortie de l’hôpital mentionnent les signes à surveiller et la façon de gérer ses risques cardiaques pour le préparer en vue de futurs traitements contre le cancer.

Ces ICS, qui partageaient un bureau depuis des années, se sont rendu compte qu’elles suivaient très souvent les mêmes patients, et qu’en collaborant, elles aideraient les patients à qui les traitements pour le cancer causaient des problèmes cardiaques. En 2014, elles ont fait une vérification des patients hospitalisés en oncologie qui avaient souffert de complications cardiaques. Les trois complications les plus fréquentes étaient des ischémies myocardiques, des insuffisances cardiaques et des arythmies, en partie à cause de l’âge des patients et autres comorbidités.

Selon Mme Grantham, une convergence de l’oncologie et de la cardiologie est rendue nécessaire par la complexité de la situation de ces patients. « Je crois qu’on leur donne parfois leur congé sans reconnaître la gravité du diagnostic et de leurs maladies concomitantes. Ils ont absolument besoin d’un suivi et de soutien ininterrompu. » Il est vital de surveiller la santé cardiaque des patients avant, pendant et après les traitements contre le cancer pour s’assurer qu’ils peuvent continuer les traitements nécessaires, et qu’en tant que survivants du cancer, ils jouissent d’une santé et d’une fonction cardiovasculaires satisfaisantes.

« En oncologie, le personnel infirmier joue un rôle capital dans l’évaluation et la gestion des patients qui ont une maladie cardiaque préexistante ou nouvelle, affirme Mme Grantham. Et le personnel de première ligne devrait ouvrir l’œil pour repérer une maladie cardiaque chez les patients atteints d’un cancer. »

Mmes Grantham et Throndson ont créé un service de consultation au HSC pour aider le personnel infirmier à reconnaître les facteurs de risque pour la cardiotoxicité.

Elles s’emploient à promouvoir des évaluations par une équipe interdisciplinaire combinant cardiologie et oncologie, des plans de congé axés sur ces deux aspects et la distribution de documentation pour informer les patients et leur famille. L’une des difficultés, selon Mme Throndson, est de déterminer la quantité d’information que peuvent assimiler ces derniers.

« Les patients ont souvent l’impression d’avoir échangé une maladie mortelle pour une autre. Ils découvrent que leur admissibilité pour un traitement anticancéreux est en péril et que leur vie pourrait bien l’être aussi », explique Edith Pituskin, infirmière praticienne et professeure adjointe à l’Université de l’Alberta, à Edmonton. Ses études de doctorat en soins de réadaptation portaient spécifiquement sur la cardiotoxicité associée aux traitements contre le cancer. Elle codirige le programme ENCORE (Edmonton Cardio-Oncology Research), une clinique pour les patients en cardio-oncologie.

« Ce peut être démoralisant pour eux, poursuit Mme Pituskin. Mes cliniques sont pleines de gens qui ont un besoin urgent de ce type de soins. Ce qui se passe le plus souvent, c’est que les traitements nécessaires contre le cancer sont interrompus si les fournisseurs de soins n’ont pas accès à une expertise en cardio-oncologie. Il arrive aussi que les patients atteints d’un cancer agressif ne soient pas admissibles pour les traitements intensifs dont ils auraient besoin. » Ils risquent de recevoir des traitements insuffisants ou de les voir retardés, ou encore de voir leur dose diminuée.

« C’est un peu comme avec des antibiotiques : on prendre la dose complète pendant le temps prescrit, explique-t-elle. Le phénomène serait semblable pour les traitements contre le cancer : pour avoir des résultats, il faut prendre la dose prévue et suivre le traitement prévu avec l’intensité nécessaire. »

Une fois le traitement terminé, la responsabilité de repérer une éventuelle cardiotoxicité incombe aux fournisseurs de soins au sein de la communauté. « Le filet de sécurité doit aller plus loin que le centre anticancéreux, jusque dans la communauté, affirme Mme Pituskin. Avec la radiothérapie, par exemple, les effets peuvent prendre plusieurs années avant de se manifester. Plus on est nombreux à surveiller, plus le filet est fiable. » Elle estime que tous les survivants du cancer peuvent être considérés comme des patients en cardio-oncologie et que le personnel infirmier est particulièrement bien placé pour faire des évaluations globales et surveiller l’apparition éventuelle de symptômes.

Pour travailler dans ce domaine, il est préférable d’avoir fait des études supérieures soit en cardiologie, soit en oncologie, croit Mme Wurtele, qui a une formation et de nombreuses années d’expérience dans les deux domaines. « Mes patients et leur famille voient que leur situation n’est pas nouvelle pour moi, explique-t-elle, et ils apprécient ma capacité de comprendre leur cancer et les types de chimiothérapie et autres traitements qu’ils suivent, tout en pouvant situer tout ceci dans le contexte de problèmes cardiaques potentiels. Généralement, les patients sont très reconnaissants des soins que nous leur fournissons et du fait que nous gardons à l’œil tout problème cardiaque susceptible de survenir. »

Throndson et Grantham essayent de faire connaître ce groupe de patients et le service de consultation au moyen de bulletins d’information, d’affiches et de présentations portant sur des études de cas offertes à des membres d’équipes interdisciplinaires dans le cadre de conférences et de congrès locaux et nationaux. L’une de leurs initiatives était la création de fiches d’évaluation pour le personnel infirmier, où sont énumérés les marqueurs de cardiotoxicité et les signes et symptômes à surveiller. Avec les patients, la sensibilisation est axée sur l’importance de surveiller la santé cardiaque et d’être à l’affût des moindres essoufflements, gonflements, palpitations et douleurs thoraciques.

Une formation spécialisée dans ce domaine est offerte principalement aux médecins. Néanmoins, le rôle du réseau canadien en cardio-oncologie, le Canadian Cardiac Oncology Network (CCON) est de faciliter la collaboration entre les médecins, le personnel infirmier et les autres professionnels des soins de santé intéressés par ce domaine émergent. Fondé en 2011, le CCON propose des conférences visant à mieux faire comprendre les complications cardiaques des traitements oncologiques.

Comme membre du réseau, Mme Grantham a suivi un atelier du CCON pour les précepteurs et fait un exposé à l’une de ses conférences. Elle recommande aux infirmières et infirmiers intéressés d’assister aux activités du CCON et de devenir membres pour en savoir plus sur les problèmes cardiaques qui touchent les patients en oncologie.

*Le nom a été changé


Susan Pennell-Sebekos est journaliste indépendante dans la région de Niagara.

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