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L’aide des vaccins pour lutter contre la RAM

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2017/11/07/vaccines-an-aid-in-tackling-amr
nov. 07, 2017, Par: Linda Jorgoni, inf. aut., M. Sc. inf.

Q. Quel est le lien entre les vaccins et la résistance aux antimicrobiens?

R. La résistance aux antimicrobiens (RAM) constitue une crise sanitaire mondiale, avec des implications sociales, politiques et économiques. La RAM est le résultat de l’évolution d’un microorganisme (bactérie, virus, champignon ou parasite), qui acquiert une résistance à des médicaments auparavant efficaces. La RAM est un phénomène naturel mais accéléré par l’utilisation excessive d’antibiotiques, tant chez les humains que chez les animaux, qui entraîne un risque accru de mutations.

Beaucoup d’infections – pneumonie, tuberculose, gonorrhée – deviennent difficiles à traiter, car les antibiotiques utilisés pour les traiter perdent de leur efficacité. La vie sans antibiotiques efficaces a de quoi effrayer, car il nous serait plus difficile de faire des opérations et greffes ordinaires et d’administrer des chimiothérapies, ce qui mettrait en grand péril la médecine moderne.

On propose plusieurs solutions pour lutter contre la RAM, dont un usage judicieux des antibiotiques chez les humains et les animaux, la surveillance des infections et de l’utilisation d’antimicrobiens, des pratiques plus rigoureuses pour combattre les infections et la mise au point de nouveaux antibiotiques et vaccins. La RAM peut toucher tout le monde, car elle ignore les frontières : les gens en sont de plus en plus conscients et comprennent de mieux en mieux. Nous avons par conséquent tous un rôle à jouer pour réduire l’impact de ce problème de santé publique. On estime qu’à moins de mesures efficaces, la RAM causera 10 millions de décès par an, avec des pertes économiques totales de 100 000 milliards de dollars US d’ici 2050.

Le rôle des vaccins pour réduire le fardeau de nombreuses maladies infectieuses à l’échelle mondiale est largement reconnu. Ils sont donc essentiels en santé publique. Ils préviennent nombre de maladies infectieuses : polio, coqueluche, diphtérie, rougeole, varicelle, oreillons. Ils ont d’ailleurs considérablement réduit l’incidence de ces infections (de 93 à 100 %) dans les cinq ans suivant leur mise en service.

L’émergence de la RAM met en lumière un autre avantage important des vaccins : ils préviennent les infections bactériennes et réduisent le besoin d’antibiotiques. Un excellent exemple de vaccin qui a un effet sur la RAM est le vaccin antipneumococcique conjugué. Il apporte une protection contre la pneumonie et les otites et pourrait même protéger contre des souches de pneumocoques résistantes aux antibiotiques actuels. De nombreux vaccins ont un effet similaire sur l’utilisation d’antibiotiques en réduisant la transmission, la dissémination et la colonisation d’un pathogène, contribuant par le fait même à l’immunité collective. Pour simplifier, les vaccins diminuent la transmission, et réduisent les infections et la nécessité d’utiliser des antibiotiques.

Le vaccin antigrippal, entre autres, joue un rôle crucial en réduisant le besoin de recourir à des antibiotiques non nécessaires. Bien que la grippe soit un virus et que les virus ne puissent pas être soignés aux antibiotiques, la complication la plus courante de la grippe est une pneumonie bactérienne secondaire qui, elle, nécessite un traitement aux antibiotiques.

Même si nous savons que les antibiotiques sont inefficaces contre les infections virales, les recherches montrent que de 30 à 50 % environ des antibiotiques prescrits en consultation externe le sont pour un virus. Le manque de tests permettant de distinguer les infections virales des infections bactériennes, les demandes des patients qui veulent des antibiotiques et les habitudes de ceux qui prescrivent et leur non-respect des pratiques exemplaires expliquent, entre autres, ce type de prescription. En plus de contribuer aux efforts pour prévenir la RAM, la prévention du mauvais usage des antibiotiques pour le traitement d’infections virales réduira le fardeau excessif des effets secondaires.

Le personnel infirmier constitue le plus grand groupe de professionnels de soin de santé et interagit avec les patients à différentes étapes au sein du système de santé. Il est donc idéalement placé pour saisir les occasions de protéger les patients contre les conséquences d’une utilisation inappropriée des antibiotiques en tirant parti de la vaccination. En sensibilisant les patients aux dommages que peuvent causer les antibiotiques et en veillant à ce que leurs vaccins soient à jour, il peut jouer un rôle important dans la lutte contre la RAM.


Linda Jorgoni, inf. aut., M. Sc. inf., est infirmière clinicienne chef au programme de gestion des antimicrobiens, Système de santé Sinai et Réseau universitaire de santé à Toronto.

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