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Déterminée à améliorer la vie des jeunes mères

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2017/11/01/determined-to-make-a-difference-in-the-lives-of-yo

La transition professionnelle de Susan Jack, de la pratique à la recherche en santé publique, lui a permis de repérer des interventions en soins infirmiers, de les évaluer et de les mettre en pratique. « C’est une autre façon sans pareille de transformer la vie de nombre de gens. »

nov. 01, 2017, Par: Laura Eggertson
Susan Jack
Teckles Photography Inc.

Susan Jack sait exactement quand elle a pris conscience qu’une carrière en recherche lui permettrait aussi d’aider grandement les familles qu’elle rencontrait comme infirmière de santé publique à domicile.

C’était lors d’une conférence à Guelph (Ont.), en 1998. La Dre Harriet MacMillan, pédiatre et psychiatre canadienne de renom, faisait la promotion du Nurse-Family Partnership (NFP). Créé aux États-Unis, ce programme de visites à domicile d’infirmières et infirmiers s’adresse aux mères d’un premier enfant défavorisées et à leur bébé. Les visites commencent pendant la grossesse. Aux États-Unis, le programme a montré qu’il améliore la santé des mères et des enfants et qu’il permet entre autres de prévenir la maltraitance et la négligence envers les enfants.

Mme Jack faisait alors sa maîtrise tout en travaillant comme superviseure pour le programme ontarien Bébés en santé, enfants en santé. Après la présentation de la Dre MacMillan, elle est allée la voir.

« Je m’entends encore lui dire “Je vais travailler avec vous. Je veux être l’infirmière qui apportera ce programme au Canada”. »

Et c’est exactement ce qu’a fait Mme Jack. Maintenant professeure agrégée à l’école de sciences infirmières de McMaster, elle a pris en mains d’adapter le programme et de le mettre à l’essai au Canada, en commençant par une collaboration avec Hamilton Public Health Services en 2008. Elle participe à l’évaluation de l’efficacité du NFP en Colombie-Britannique au moyen d’un essai clinique randomisé, tout en dirigeant un processus d’évaluation pour déterminer comment le programme est offert et comment encore mieux l’adapter pour qu’il reflète la pratique infirmière en santé publique au Canada.

Pour atteindre son objectif, Mme Jack a dû faire preuve d’une farouche détermination, entreprendre un doctorat et des études postdoctorales au département de psychiatrie et neurosciences comportementales à l’Université McMaster, avec la Dre MacMillan pour superviseure.

Des années plus tôt, après avoir obtenu son baccalauréat en sciences infirmières de l’Université de l’Alberta, Mme Jack avait débuté sa carrière en soins actifs et en soins à domicile. Elle a très vite découvert sa passion pour la santé publique et a continué ce travail à Guelph, après que son mari, Richard, a été transféré en Ontario.

Lors de visites à domicile, Mme Jack a commencé à rencontrer de jeunes mères victimes de violence au sein du couple. Souvent, elle sentait que le foyer n’était pas un lieu sûr pour la mère et son bébé. Mais elle manquait de formation spécialisée pour savoir quoi faire.

Elle se souvient d’une jeune femme qui vivait dans un appartement sombre aux vitres recouvertes de papier d’aluminium. Quand Mme Jack lui a rendu visite, à elle et à son petit garçon, elle a parlé de dépression et d’isolement. Même en voyant le contrôle qu’exerçait sur elle son partenaire, il lui était difficile d’atténuer les mauvais traitements affectifs dont elle faisait l’objet.

Mme Jack a fini par persuader la mère d’inscrire son fils dans une garderie subventionnée et de lui trouver des activités communautaires. Ces mesures ont diminué leur isolement et ouvert des possibilités, en plus d’augmenter la sécurité de l’enfant.

L’un des premiers travaux de recherche de Mme Jack a débuté aux États-Unis, avec le NFP. On lui a donné la possibilité de concevoir une intervention infirmière pour repérer les violences au sein d’un couple et pour agir. Elle a réalisé des entrevues avec du personnel infirmier et des superviseurs du NFP ainsi qu’avec des mères inscrites au programme.

Leurs suggestions l’ont guidée dans son adaptation du programme au contexte canadien quelques années plus tard. Par exemple, des infirmières lui avaient dit qu’en bavardant avec les mères, on créait un climat de confiance qui favorisait les confidences.

Transformer l’expérience du personnel infirmier en politiques et en pratiques est un aspect gratifiant de la carrière de Mme Jack. Toutefois, quand elle est devenue chercheuse, le contact quotidien avec les clients lui a d’abord manqué.

« Quand on travaille en soins de première ligne, chaque jour, sa contribution est reconnue ou on a le bonheur de voir les familles apporter des changements dans leur vie. »

Bien qu’elle ne voie plus les résultats immédiats d’interactions avec des clients, elle tire encore satisfaction de la mise en application des données probantes et de leur transmission en enseignement des soins infirmiers et en perfectionnement professionnel.

« Maintenant, je comprends très bien qu’en tant que chercheurs, nous avons les moyens de repérer des interventions infirmières, de les évaluer et de montrer lesquelles ont un impact. »

Le travail de Mme Jack est captivant et prenant. Quand elle n’est pas au bureau, elle est souvent en train de conduire ses jumeaux, Ryan et Benjamin, à leurs entraînements de soccer et de hockey, savourant leur compagnie pendant le trajet. Et quand son emploi du temps se libère, c’est en passant du temps sur la plage avec un bon livre qu’elle prend soin d’elle-même.

Dans le cadre de l’évaluation des processus du NFP, elle écoute des infirmières et des infirmiers parler des traumatismes dont ils sont témoins. Ils doivent tous faire le point avec leurs superviseurs.

« Le programme soutient le personnel infirmier au moyen d’une supervision réflexive : comment gérer leur peur, leur inquiétude au sujet de leurs clientes et leur frustration quand ils ne comprennent pas pourquoi elles ne quittent pas toutes une relation de violence, explique Mme Jack. Nous soutenons les membres du personnel infirmier en les aidant à comprendre les émotions qu’ils ressentent. »

Ce soutien peut prévenir l’épuisement professionnel ou l’usure de compassion; elle y a elle-même échappé, ajoute-t-elle. Sa passion pour sa carrière en recherche éclate dans toutes ses descriptions du travail.

« À mes yeux, une situation qui nous permet d’écouter avec respect le récit de ce que vivent d’autres gens et de communiquer leur vécu au reste du monde offre une expérience très puissante. »

10 questions à Susan Jack

Si vous deviez choisir un mot pour vous décrire, ce serait lequel?
Optimiste

Parmi ce que vous avez accompli, quelle est votre plus grande fierté?
Soutenir ma thèse de doctorat avec des jumeaux d’un an à la maison

Quelle est l’une des choses que les gens seraient surpris d’apprendre à votre sujet?
Pendant que je plie le linge le dimanche soir, je regarde des émissions de télé-réalité.

« Si j’avais plus de temps libre, je ... »
Je passerais du temps avec mes amis et ma famille.

Où avez-vous passé vos dernières vacances?
En Virginie et au Maryland, où nous avons fait de la route en famille

Quel est l’endroit du monde que vous aimeriez le plus visiter?
Petra, en Jordanie

Quel est votre plus grand regret?
Pas le temps d’avoir des regrets. J’ai appris à accepter les décisions que j’ai prises.

Quel est le dernier livre que vous avez lu et aimé?
Le chant du rossignol de Kristin Hannah

Y a-t-il une personne en particulier qui vous a donné envie de devenir infirmière et si oui, qui était-ce?
Ma grand-mère, Helen Keogh : la personne de 98 ans la plus active que je connaisse. Elle a porté fièrement son uniforme, sa coiffe et son épinglette d’infirmière chaque jour de sa carrière!

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu pour votre carrière?
Sois prête à prendre un risque et à accepter un nouveau poste ou un nouveau rôle.


Laura Eggertson est journaliste indépendante à Ottawa.

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