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Une initiative étudiante améliore l’accès aux soins de santé

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2015/11/04/nursing-students-initiative-improves-health-care-a

Un atelier conçu pour outiller la clientèle

nov. 04, 2015, Par: Kristina Rozintseva, inf. aut., B.Sc.inf. , Françoise Filion, inf. aut., M.Sc.inf.

S’orienter dans le dédale du système de soins de santé et accéder aux services qui conviennent n’est pas toujours une mince affaire. En fait, d’après une enquête menée en 2003 au Canada, 15 % de la population peine à accéder à des soins courants, et 23 % aux soins immédiats (Sanmartin et Ross, 2006). On ne sera pas surpris d’apprendre que certains groupes sont plus désavantagés que d’autres. Les nouveaux arrivants, par exemple, sont deux fois et demie plus nombreux à éprouver des difficultés d’accès à des soins immédiats que les répondants nés au Canada (Sanmartin et Ross, 2006). Une autre étude, réalisée par Hod et Goldfarb-Rumyantzev (2014), a révélé qu’une scolarisation limitée et de faibles revenus sont associés à une probabilité moindre de résultats positifs pour une personne qui a besoin d’une greffe du rein.

Dans le cadre d’un stage en santé communautaire, six étudiantes de dernière année en soins infirmiers ont travaillé à la Mission Bon Accueil, une organisation communautaire qui travaille auprès de populations vulnérables, à Montréal. L’un des services offerts est un programme d’intégration socioprofessionnelle (ISP) pour les adultes qui veulent retourner sur le marché du travail et accéder à une autonomie personnelle, sociale et professionnelle. Les clients sont de nouveaux arrivants, des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et des gens peu scolarisés. Dans nos contacts quotidiens avec ces clients, nous avons compris qu’il leur était difficile d’accéder à des services de soins de santé et de comprendre le système. Pour notre projet de classe, qui durait 12 semaines, nous voulions concevoir un atelier pour supprimer ces obstacles. Deux de nos instructeurs ont approuvé le projet, et nous avons entamé la conception du contenu sous leur supervision.

Mise en œuvre

L’un de nos objectifs était de respecter les styles d’apprentissage des clients. En apprenant à les connaître, nous nous sommes rendu compte que certains avaient une capacité d’attention limitée qui entraverait le transfert de connaissances. De plus, bien que le groupe soit bilingue, beaucoup de clients avaient une préférence pour une langue ou l’autre.

Nous avons conçu un diaporama PowerPoint bilingue tout simple, reposant sur nos recherches sur l’utilisation des divers services de soins de santé et sur l’organisation du système au Québec. Nous avons décidé de nous concentrer sur comment et quand accéder à des services de base, comme télésanté, les urgences, les cliniques, les cabinets de médecine familiale et les pharmacies. Nous voulions discuter des différences entre les médicaments de marque et les génériques et entamer des discussions sur les autres soutiens en matière de santé et de bien-être, y compris les jardins collectifs et les cours de méditation et de conditionnement physique gratuits. Nous avons choisi un format interactif favorisant un dialogue ouvert avec les présentateurs. L’idée était de donner à chaque participant une feuille d’information et de l’aider à la remplir en indiquant l’adresse et le numéro de téléphone des services pertinents dans son quartier.

Nous avons recueilli les commentaires des enseignants du programme d’ISP, de l’infirmière de liaison à la Mission Bon Accueil et de nos professeures sur le contenu de l’atelier. Ils nous ont encouragées à réduire la quantité d’information à transmettre pendant la séance de deux heures et à employer un langage simple et direct. Une entreprise locale a accepté de couvrir nos frais d’imprimerie.

Évaluation

Nous avons offert l’atelier à deux reprises à des groupes inscrits au programme d’ISP. Trois étudiantes ont présenté chacun des ateliers. Au total, 24 clients ont suivi l’atelier.

Nous avons mesuré l’efficacité du projet au moyen d’un questionnaire anonyme en deux parties distribué pendant l’atelier. Chaque partie contenait des énoncés sur des aspects de l’atelier et une échelle de Likert en cinq points.

D’après les réponses obtenues à la première partie du questionnaire, consacrée à l’évaluation du processus (style des présentatrices, niveau d’intérêt, par exemple), plus de 80 % des participants ont trouvé l’atelier intéressant et utile.

Les énoncés suivants constituaient la seconde partie du questionnaire :

  • Je connais trois façons d’accéder aux services
  • Je sais quand aller à la clinique de mon quartier pour obtenir de l’aide
  • Je trouve la feuille d’information utile et je compte m’en servir
  • Je connais trois choses à emporter lors d’une consultation à l’hôpital

Nous avons demandé aux participants de réagir aux deux premiers énoncés au début de l’atelier, puis de nouveau à la fin. Entre le début et la fin de l’atelier, nous avons constaté une augmentation de 41 % du nombre de participants disant être tout à fait d’accord avec l’énoncé « Je connais trois façons d’accéder aux services ». De même, 75 % d’entre eux se disaient « tout à fait d’accord » avec l’énoncé « Je sais quand aller à la clinique de mon quartier pour obtenir de l’aide » à la fin de l’atelier, soit 20 % de plus qu’au début. En outre, 88 % ont trouvé la feuille d’information utile et avaient l’intention de s’en servir, et 92 % ont indiqué connaître 3 choses à emporter à l’hôpital.

Dans leurs réponses à une question ouverte sur ce que l’atelier avait couvert de nouveau pour eux, ils ont cité le soutien du service local de télésanté, l’importance des vaccins, l’éventail de services offerts par les cliniques de quartier et le nombre de services couverts par la province.

Enseignements retenus

Certains participants ont eu du mal à utiliser les échelles de Likert, mais nous avons pu les aider avec des explications individuelles sur la façon de donner une note. Si nous participions à des projets similaires à l’avenir, nous choisirions peut-être un autre système de notation.

Nous n’avons pas eu de contact avec les participants depuis l’atelier, mais il serait intéressant de savoir s’ils utilisent convenablement les services de soins de santé grâce à ce qu’ils ont appris et de mesurer leur utilisation des ressources communautaires sur plusieurs mois après l’atelier.

Prochaines étapes

La durabilité du projet nous tenait à cœur. Nous avons laissé le diaporama PowerPoint et la documentation aux enseignants du programme d’ISP en espérant qu’ils s’en serviraient avec d’autres clients. Nous avons été heureuses d’être invitées à parler de notre projet à l’occasion d’une rencontre d’une journée sur la recherche étudiante organisée par le Centre de santé et de services sociaux Cavendish.

Nous pensons que ce simple projet a atteint son objectif et qu’il aura un effet bénéfique à long terme sur l’état de santé de nos participants. Le projet était important pour nous en ce sens qu’il nous a emmenées à voir au-delà du lit d’hôpital et à nous rendre dans la communauté. L’expérience a été extrêmement gratifiante et a confirmé les avantages des partenariats communautaires.

Remerciements

Les auteures remercient les infirmières autorisées Stephanie Avery, Kandise Belisle, Tamara Beradino, Stephanie Cabrera, Janine Lloyd et Qiang Miao, qui composaient le groupe d’élèves infirmières, Diana Gausden, une enseignante qui a guidé le groupe tout au long du processus, et le personnel et les clients de la Mission Bon Accueil pour leur soutien.

Références

Hod, T., et Goldfarb-Rumyantzev, A. S. « The role of disparities and socioeconomic factors in access to kidney transplantation and its outcome », Renal Failure, 36(8), 2014.

Sanmartin, C., et Ross, N. « Experiencing difficulties accessing first-contact health services in Canada ». Healthcare Policy, 1(2), 2006, p. 103-119.


Kristina Rozintseva, inf. aut., B.Sc.inf., est infirmière clinicienne. Elle travaille dans le domaine des greffes au Centre universitaire de santé McGill. Elle était l’une des étudiantes qui ont réalisé ce projet.
Françoise Filion, inf. aut., M.Sc.inf., est chargée de cours à plein temps à l’École de sciences infirmières Ingram de l’Université McGill. Elle est coordinatrice du cours sur les projets de soins infirmiers en santé communautaire.

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