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Pourquoi les étudiants sont ils des « héros de la santé » invisibles durant la pandémie

  
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Le personnel infirmier en formation persévère malgré les épreuves de la COVID-19

Par Sylwia Borawski, 14 mars 2022
www.istockphoto.com/portfolio/Milkos
En quoi consiste exactement un stage clinique en sciences infirmières? Beaucoup de gens peuvent penser que nous nous contentons d’observer le personnel infirmier dans l’exercice de ses fonctions. Or, nous sommes des membres actifs de l’équipe soignante. Nous travaillons sans relâche pour fournir à nos patients les soins dont ils ont besoin.

Lorsque j’ai décidé d’entreprendre une carrière en soins infirmiers, j’étais loin de me douter à quel point les études seraient ardues. Malgré les épreuves créées par la pandémie, comme l’apprentissage virtuel et la réduction du temps en milieu clinique, mes collègues étudiants et moi avons persévéré. Contrairement aux étudiants qui nous avaient précédés, nous avons eu l’occasion unique de faire preuve de résilience dès le début de notre carrière.

En mars 2020, nos stages cliniques ont été interrompus pour une durée indéterminée en raison de la COVID-19. L’évolution de la pandémie étant imprévisible, nous ne savions pas quand nous serions autorisés à les reprendre. Je m’inquiétais de savoir si j’obtiendrais mon diplôme à temps, puisque les heures en milieu clinique sont obligatoires; et je regrettais de ne pas avoir pu aider les autres.

Gracieuseté de Sylwia Borawski
« Bien que nos efforts pour prendre soin des patients aux moments où ils étaient le plus vulnérables ne soient pas toujours reconnus, nous savons que nous avons touché leur vie pour toujours pendant cette période difficile », affirme Sylwia Borawski.

En septembre, le nombre de cas de COVID-19 ayant diminué, mes pairs et moi avons pu retourner en milieu clinique. J’étais enthousiaste à l’idée de fournir à nouveau des soins aux patients, mais l’inquiétude me gagnait, tout comme mes camarades de classe, à l’idée de travailler aux premières lignes de la pandémie.

Privés de vaccin au départ

Lorsque la deuxième vague s’est manifestée à l’automne 2020 et que des éclosions se sont déclarées à l’hôpital, nos stages cliniques ont de nouveau été interrompus, parce que nous n’avions pas l’autorisation d’être en contact avec les patients atteints de la COVID-19. Cependant, en janvier 2021, les règles ont été modifiées à nouveau et on nous a permis de fournir des soins directs à ces patients. Cette mesure garantissait que nous pouvions soigner tous les patients en milieu clinique et que nous ne serions pas de nouveau démis de nos fonctions en cas d’éclosion.

Par ailleurs, l’espoir se répandait maintenant dans l’hôpital, car tous les employés d’établissements pouvaient se faire vacciner contre la COVID-19. Nous étions enthousiastes et impatients de nous faire vacciner, mais nous avons vite appris que les étudiants en sciences infirmières seraient inadmissibles au vaccin.

Cette nouvelle nous a bouleversés; nous trouvions cette exclusion inéquitable, car nous fournissions des soins directs aux patients durant nos stages cliniques. Selon nous, la vaccination aurait dû nous être offerte. Nous étions nombreux à nous préoccuper des répercussions sanitaires de ne pas être vaccinés et d’apprendre aux premières lignes.

Nous avions la possibilité de reporter nos stages cliniques, mais très peu de mes collègues étudiants ont choisi de le faire. Aucun autre choix ne nous était proposé, et le report aurait retardé l’obtention de notre diplôme.

Défendre nos propres intérêts

Au fil du temps, plusieurs de mes pairs ont contracté le virus. Bien que leurs symptômes se soient avérés légers, cette situation a amplifié les craintes liées au fait de ne pas être vacciné. Nous avons plaidé notre cause auprès de nos coordonnateurs de stages cliniques, et près de quatre mois plus tard, les autorités de l’hôpital nous ont enfin informés que tous les étudiants en sciences infirmières étaient admissibles à la vaccination.

Selon nous, la vaccination aurait dû nous être offerte.

L’administration du vaccin nous a redonné espoir, mais nous a aussi rappelé nos patients qui avaient succombé au virus avant de pouvoir être vaccinés. En général, les étudiants en sciences infirmières ne sont pas exposés à la mortalité avant les troisième et quatrième années de programme, mais la pandémie nous y a exposés bien plus tôt, et nous en avons tous subi des dégâts émotionnels.

En quoi consiste exactement un stage clinique en sciences infirmières? Beaucoup de gens peuvent penser que nous nous contentons d’observer le personnel infirmier dans l’exercice de ses fonctions. Or, nous sommes des membres actifs de l’équipe soignante. Qu’il s’agisse d’effectuer des évaluations quotidiennes de la tête aux pieds, d’administrer des médicaments, de surveiller les signes vitaux, de contrôler le taux de glycémie, d’insérer des cathéters, ou d’autres tâches encore, nous travaillons sans relâche pour fournir à nos patients les soins dont ils ont besoin.

L’apprentissage virtuel de ces compétences s’est révélé éprouvant; leur mise en pratique durant la pandémie était très stressante. Toutefois, par rapport à la situation antérieure à la pandémie, nous avons eu davantage d’occasions de mettre en pratique nos compétences cliniques, car les unités étaient souvent à court de personnel infirmier, certains membres ayant contracté le virus. Malgré ce manque à gagner, le nombre de clients était élevé, et les patients dont nous nous occupions étaient plus malades et avaient des besoins complexes, car ils tardaient à se faire soigner par crainte de contracter le virus à l’hôpital.

Défendre les intérêts de nos patients

Au-delà de l’apprentissage et de la maîtrise des compétences en milieu clinique, nous plaidons aussi en faveur des intérêts de nos patients, puisque nous avons de nombreuses occasions de leur parler et d’être à l’écoute de leurs préoccupations. Ces conversations sont une composante essentielle des soins axés sur les patients, et sont devenues une bouée de sauvetage pour les patients isolés pendant la période de restrictions des visites à hôpital.

Bien que nos efforts pour prendre soin des patients aux moments où ils étaient le plus vulnérables ne soient pas toujours reconnus, nous savons que nous avons touché leur vie pour toujours pendant cette période difficile. Pour beaucoup, nous ne sommes que des étudiants de niveau postsecondaire qui doivent étudier, respecter les délais et satisfaire aux exigences universitaires. Toutefois, nous menons une double vie. Nous sommes des « héros de la santé » invisibles.

Nous en avons encore beaucoup à apprendre en tant qu’étudiants en sciences infirmières, mais je suis comblée de pouvoir approfondir mes connaissances aux côtés de mes pairs, qui sont chaque jour une source d’inspiration.


Sylwia Borawski est étudiante de troisième année au baccalauréat en sciences infirmières, étudiante-chercheuse et pair mentor au Centre d’apprentissage clinique de l’Université de Windsor, en Ontario.


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