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Infirmières et infirmiers praticiens : Sommes-nous le trou noir de la recherche en soins de santé?

  
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févr. 10, 2020, Par: Gina Pittman
A blackhole.
Shutterstock.com

Messages à retenir

  • Il n’y a pas en Ontario de bases de données exhaustives sur les patients, ce qui limite les possibilités de recherches sur divers problèmes de santé aigus ou chroniques, recherches qui pourraient améliorer les résultats pour les patients et leur qualité de vie.
  • Comme les données qui représentent l’exercice de la profession infirmière et les résultats pour la santé sont rares, dans le meilleur des cas, il est difficile pour les patients de prendre des décisions éclairées lorsqu’ils choisissent des fournisseurs de soins de santé.
  • Pour que les patients soient correctement informés des choix qui leur sont offerts en matière de soins, des recherches doivent être menées sur les infirmières et infirmiers praticiens, et leurs conclusions doivent être rendues publiques pour leur permettre de prendre des décisions fondées sur des données probantes en matière de soins de santé.

Contexte

Infirmière praticienne (IP) en exercice et doctorante en philosophie des sciences infirmières dans une université du Sud-Est de l’Ontario, j’ai dû formuler une question de recherche pour ma thèse de doctorat. La tâche s’est avérée difficile. Au départ, je voulais comparer les soins fournis aux patients atteints de diabète de type 2 dans les cliniques dirigées par du personnel infirmier praticien et ceux offerts dans les cabinets de médecins de premier recours.

N’ayant pas facilement accès à une base de données sur les patients, j’ai contacté plusieurs médecins de famille de ma région pour leur demander accès à leur base de données sur les patients. Je leur ai assuré que toutes les données resteraient anonymes et que leur cabinet ne serait pas identifiable. On m’a répondu qu’ils réfléchiraient à ma demande et me donneraient une réponse dans les plus brefs délais.

On a fini par me répondre que l’on ne se sentait pas à l’aise de me donner accès aux données. Ce refus m’a amenée à me demander quelles bases de données les chercheurs pouvaient bien consulter.

Importance du problème

Compte tenu du manque d’accès aux données sur l’exercice de la médecine, j’ai décidé de faire des recherches sur les autres sources de données au sujet des IP et des médecins. J’ai contacté le Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) de la région ainsi qu’un représentant de l’Institute of Clinical Evaluative Sciences (ICES), qui collecte les données relatives à la santé en Ontario.

J’ai été surprise d’apprendre que le RLISS collecte, sur les médecins, seulement les données spécifiques aux indicateurs cliniques, comme le bien-être des personnes atteintes de diabète, et que l’ICES ne collecte pas systématiquement de données sur l’exercice de la profession d’IP. Les quelques données disponibles proviennent d’un petit nombre d’IP qui facturent la province pour divers services couverts par le Régime d’assurance-maladie de l’Ontario (RAMO) et d’établissements où travaillent à la fois des IP et des médecins. Actuellement, aucune donnée sur les IP employés en milieu hospitalier n’est documentée.

Le gouvernement provincial consacre des millions de dollars à la formation d’IP et à leur préparation à l’exercice de la profession dans le but de créer des postes d’IP dans les hôpitaux, les équipes de santé familiale et les centres de santé communautaires et pour établir des cliniques dirigées par des IP. Mais comment évalue-t-on les soins que fournissent les IP et leurs résultats pour les patients?

Si les données relatives aux soins fournis par les IP et à leurs résultats pour les patients ne sont pas collectées, il est impossible d’évaluer la formation des IP, leur préparation à l’exercice de la profession et l’efficacité et l’accessibilité de leurs soins. La collecte de ce type de données permettrait d’avoir une base pour l’évaluation actuelle et future de l’efficacité des IP dans divers cadres d’exercice de la profession.

La capacité de prescrire indépendamment des médicaments contrôlés s’est récemment ajoutée au champ d’exercice des IP. En pleine crise des opioïdes, il est non seulement pertinent mais capital d’avoir de l’information sur tous les prescripteurs. La transparence des soins que fournissent les IP et de leur exercice de la profession est essentielle à l’évaluation de notre compétence clinique et à la promotion d’une culture axée sur la sécurité des patients. Les données sur les soins qu’assurent les médecins et sur leurs résultats pour les patients sont collectées par le RAMO, et il me semble tout aussi essentiel que le public ait accès aux données sur l’exercice de la profession d’IP.

… [Les] données permettraient à la profession infirmière et au public d’évaluer l’exercice de la profession d’IP et donneraient aux patients la possibilité de prendre des décisions éclairées en ce qui concerne leurs soins de santé.

Appel à l’action

Il est temps que le ministère de la Santé et des Soins de longue durée mette sur pied un dispositif de saisie des données sur les IP, qui manque actuellement. La collecte et la dissémination des données sur l’exercice de la profession d’IP et les soins qu’ils assurent sont nécessaires. Ces données permettraient à la profession infirmière et au public d’évaluer l’exercice de la profession d’IP et donneraient aux patients la possibilité de prendre des décisions éclairées en ce qui concerne leurs soins de santé.

Les IP contribuent aux soins que reçoivent des gens de tous âges dans divers cadres. Étant donné le vieillissement de la population et l’augmentation de la demande en soins de santé primaire, tant par les médecins que par les IP, il est nécessaire de collecter des données sur l’exercice de la profession d’IP.

À titre d’IP et de chercheuse, j’estime que l’évaluation des soins assurés par les IP fournirait des informations précieuses sur leur exercice de la profession. On aurait ainsi des données probantes pour guider les politiques en matière de formation et de normes d’exercice pour les IP, dans l’intérêt d’une sécurité accrue pour les patients.

À une époque où, dans les soins de santé, les décisions sont fondées sur des données probantes, comment nous informer en l’absence de données probantes?


Gina Pittman, IP, M. Sc. inf., candidate au doctorat, est étudiante diplômée à l’Université de Windsor et originaire de Terre-Neuve. Ses travaux de doctorat visent à éclairer l’exercice de la profession d’IP.

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