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Remuer ciel et terre

  
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avr. 29, 2019, Par: Laura Eggertson
Sarah Painter standing in full uniform in front of an air ambulance at the STARS location
Teckles Photography Inc.
Sarah Painter, infirmière de bord

Infirmière de bord, Sarah Painter a participé à des centaines de missions en hélicoptère avec l’équipe d’ambulances aériennes de Shock Trauma Air Rescue Service (STARS), qui opère à partir de Winnipeg. Ce travail est complexe, dynamique et critique du point de vue de la sécurité. Et c’est dans le cadre de ces fonctions qu’elle a commencé à s’interroger sur les directions que prendra la sécurité des patients à l’avenir.

Une étape importante de ce cheminement a été l’obtention d’une maîtrise en sciences portant sur les facteurs humains et la sécurité des systèmes, au terme d’études à distance avec l’Université de Lund en Suède. Mme Painter est convaincue qu’il est crucial d’inclure le personnel infirmier en soins directs dans les activités de planification en matière de sécurité.

« Un personnel infirmier qui travaille en pratique clinique – domaine qui continue de me tenir à cœur – est la solution d’avenir pour la sécurité. »

Elle n’aurait pas forcément dit ça il y a une dizaine d’années, en début de carrière, mais elle a aujourd’hui le sentiment de réellement comprendre le savoir-faire et l’influence des infirmières et infirmiers qui travaillent au cœur de l’action. Elle veut que cette compréhension soit largement partagée.

« Les infirmières et infirmiers en soins directs jonglent avec des éléments très complexes. Ce faisant, ils permettent à notre système de s’adapter et de répondre à des demandes qu’il ne pourrait pas accommoder autrement. Ils comprennent ce qui marche. Plus on leur donnera les moyens de concevoir des solutions en matière de sécurité, plus ces solutions seront pertinentes et fonctionnelles dans la pratique. »

L’équipe STARS est dépêchée lors d’un appel d’urgence au 911 à la suite de collisions sur la route, d’incendies dans des structures ou d’urgences médicales ou pour apporter de l’aide dans des endroits difficilement accessibles. L’équipe peut aussi intervenir en milieu rural pour préparer des patients en soins intensifs en vue d’un transfert vers un centre de soins tertiaires. Dans la minuscule unité de soins intensifs de l’hélicoptère, Mme Painter et un ambulancier ou une ambulancière font des échographies, des décompressions à l’aiguille, des intubations, des transfusions sanguines et autres interventions pour sauver la vie des patients.

« Où que nous soyons envoyés, l’information disponible est souvent limitée et je peux travailler avec une équipe interdisciplinaire de premiers intervenants ou d’employés d’un établissement que je n’ai jamais rencontrés. C’est le travail le plus difficile que j’ai jamais fait. Et cela me fait réfléchir à ce qui détermine la sécurité dans l’ensemble du système de santé. »

Elle sait rarement ce qu’il advient des patients et ne peut pas passer de temps avec eux ou avec leur famille, comme elle le faisait pendant les cinq années où elle était infirmière dans un service d’urgences. Mme Painter a travaillé à l’Hôpital Saint-Boniface et aux urgences pédiatriques du Centre des sciences de la santé, à Winnipeg, avant de se joindre à l’équipe STARS.

« Quand on passe huit heures avec un patient et sa famille, on peut établir une relation personnelle, fait-elle remarquer. Ça me manque. »

Sarah Painter inside an air ambulance
Teckles Photography Inc.

C’est ce qu’on peut accomplir en combinant des soins empreints de compassion et des compétences techniques qui lui a plu dans la profession. Adolescente, Mme Painter ne souhaitait pas suivre les traces de sa tante, Marilyn, et de sa mère, Vivian, qui sont infirmières. Puis, à 20 ans, elle a regardé des infirmières et infirmiers administrer un traitement de chimiothérapie à son père, qui était en train de mourir d’un cancer de l’estomac.

« Le personnel infirmier faisait le lien entre un système médical très complexe et les soins offerts à l’esprit humain, raconte-t-elle. Je me suis dit “c’est ça que je veux faire” ».

Sa sœur Stephanie est aussi devenue infirmière après la maladie de leur père. Elle travaille en oncologie, comme leur mère. Même si elle est triste que son père soit mort sans avoir vu la lettre lui annonçant qu’elle était admise au collège de sciences infirmières de l’Université du Manitoba, elle se console en sachant que, comme ses infirmières à lui, elle soutient des gens qui vivent les moments les plus difficiles de leur vie.

« C’est profondément porteur de sens, même si l’histoire se termine mal », affirme-t-elle.

Ces issues sont l’aspect le plus dur de son travail, mais Mme Painter applique un système qui a fait ses preuves pour éviter l’épuisement professionnel et préserver sa santé mentale. Celui-ci comprend des séances avec une équipe de débreffage et une politique d’abstinence totale d’alcool pendant au moins 24 heures après être intervenue dans une situation difficile.

« Je fais régulièrement de l’exercice et j’ai des amis de travail à qui je parle souvent, et puis j’ai accès à une conseillère… tout ça pour être sûre de donner le meilleur de moi-même au travail. »

Les moments passés avec son compagnon, Aaron, et les deux enfants de celui-ci, la préparation de plats véganes, les voyages et la planche à neige pimentent sa vie et l’équilibrent. Pour changer de rythme – et par fidélité à ses origines – elle participe chaque année au camp d’été islandais de Gimli (Manitoba) comme infirmière bénévole.

Dès le premier jour de ses études de premier cycle, Mme Painter a su qu’elle voulait participer à une large réflexion sur la profession infirmière et comprendre son influence sur le système de santé. Convaincue qu’il lui fallait une vision de la profession qui soit la plus englobante possible et la plus grande diversité possible de points de vue sur le leadership, il lui a semblé logique d’assumer un rôle de leadership avec l’Association des étudiant(e)s infirmier(ère)s du Canada, qu’elle a présidée de 2007 à 2009.

Il est essentiel à ses yeux de favoriser l’engagement des infirmières et infirmiers au sein des associations professionnelles le plus tôt possible pour qu’ils acquièrent une voix forte et apprennent à soulever les questions qui les concernent personnellement. « Nous avons besoin que plus d’infirmières et infirmiers en soins directs participent, affirme-t-elle, pour que les associations professionnelles soient représentatives, pertinentes et puissantes. »

Mme Painter vient de finir un mandat de trois ans comme directrice de l’Association of Registered Nurses of Manitoba, une organisation qu’elle a aidé à fonder. Elle continue de présider son réseau de leaders émergents, qui met l’accent sur l’engagement et l’autonomisation précoces des infirmières et infirmiers en formation ou en début de carrière.

« Clamer bien haut notre expertise professionnelle et ne pas avoir honte de nous faire entendre est ce qui ouvrira le plus de portes à la profession infirmière. Le pouvoir a toujours été entre nos mains. Le moment est venu d’en faire usage. »

10 questions à Sarah Painter

Si vous pouviez changer une chose en vous, qu’est-ce que vous changeriez?

Extrovertie de nature et concentrée sur mes objectifs, je me suis retirée de certaines situations où j’avais le sentiment de ne pas laisser assez de place aux autres.

Parmi ce que vous avez accompli, quelle est votre plus grande fierté?

Avoir voyagé, posé ma candidature pour des postes que je croyais au-dessus de mes compétences, m’être inscrite en maîtrise. Chaque fois, c’était terrifiant, mais ça a changé ma vie, dans le bon sens.

Quelle est l’une des choses que les gens seraient surpris d’apprendre à votre sujet?

J’ai brièvement mené une carrière d’éleveuse de moutons en Islande. Je sais les tondre pour recueillir leur laine, mais honnêtement, ce n’est pas inné chez moi. S’ils avaient été doués de parole, je parie que les moutons m’auraient dit de m’en tenir aux soins infirmiers.

« Si j’avais plus de temps libre, je ... »

RJe lirais plus avec les enfants. Bientôt, ils seront trop grands pour se blottir contre moi en me demandant une histoire.

Quel est l’endroit du monde que vous aimeriez le plus visiter?

Ça change tous les ans, mais Santorin est sur ma liste depuis presque dix ans.

Quel est votre plus grand regret?

Avoir hésité à empoigner courageusement, à deux mains, de nouvelles expériences.

Quel est le dernier livre que vous avez lu et aimé?

Behind Human Error de David Woods, Sidney Dekker, Richard Cook, Leila Johannesen et Nadine Sarter

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu pour votre carrière?

De la diplomatie, toujours. C’est la seule façon de parvenir à ses fins. J’essaye de donner l’exemple de ce que je souhaite voir dans le monde en étant bienveillante, respectueuse et attentionnée et en donnant à tous le bénéfice du doute.

Quel est le plus grand « plus » dans votre travail actuel?

C’est assez incroyable d’occuper un poste où je vois autant d’éléments complexes se mettre en place et autant de gens se donner du mal pour parvenir à une solution. Et puis je monte en hélicoptère. Tous les jours.

S’il était en votre pouvoir de changer une chose dans le système de soins de santé, qu’est-ce que vous changeriez?

Il y aurait plus de R-E-S-P-E-C-T. Mon travail avec des professionnels des soins de santé m’a amenée à voir tant de grossièreté, de cruauté et de manque de professionnalisme. Ce sont des dynamiques dangereuses pour la sécurité des patients et mauvaises pour le moral.


Laura Eggertson est journaliste indépendante à Ottawa (Ont).

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