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De retour au travail, je suis une meilleure infirmière

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2017/09/04/returning-to-work-a-better-nurse
sept. 04, 2017, Par: Andra Cardow, B.Sc. inf., inf. aut.

Après avoir été infirmière en soins intensifs pendant 14 ans, je suis à l’aise pour utiliser des ventilateurs et des moniteurs et gérer les examens au chevet des patients et leur transport en dehors de l’unité. Je peux souvent prévoir quand l’état d’un patient va se détériorer et quand un proche a besoin d’explications sur ce qui se passe. Je fais de mon mieux pour combiner l’art et la science des soins infirmiers pour une prestation harmonieuse des soins. Clinicienne avisée, je suis émotionnellement disponible pour mes patients. J’aime beaucoup ce que je fais. Je suis compétente et bienveillante.

L’an dernier, je me suis retrouvée dans le rôle de la patiente. Pas celle qui va voir son médecin une fois par an, comme avant, mais plutôt celle qui a eu besoin d’une opération longue et compliquée, une trachéotomie, 33 séances de radiothérapie et des mois de convalescence. J’étais une femme de 36 ans qui avait un cancer, et j’ai mis un moment à apprendre mon nouveau rôle.

Être la patiente est plus difficile, plus effrayant et plus stressant que je ne l’avais jamais imaginé. C’est une personne qui connaît le système qui parle, qui a suffisamment confiance en elle pour défendre ses intérêts et qui est assez informée pour accéder aux ressources.

Le personnel infirmier qui s’est occupé de moi était gentil, efficace, compétent et intelligent. Mes médecins étaient remarquablement compétents et attentifs. Mon formidable mari et ma famille aimante étaient avec moi jour et nuit. Et pourtant, même avec tout ce soutien, j’étais anxieuse.

C’était peut-être à cause de l’infirmière en moi. Je savais ce qui pouvait mal se passer et que ça se passait parfois mal, en dépit des meilleures intentions de chacun. Je dévisageais le personnel, j’interprétais ses expressions, en quête d’information, voyant dans les fronts plissés et les nez froncés des signes que je devais m’inquiéter. Je voulais sans cesse être rassurée, savoir que ma guérison allait se dérouler exactement comme prévu.

Si on ne me rassurait pas, je me sentais vulnérable.

J’avais l’habitude d’être responsable de l’expérience du patient et de la mise en application du plan de soins. Soudain, je ne savais que ce qu’on voulait bien me dire. Quelqu’un d’autre tenait les rênes. J’étais devenue le sujet du plan de soins. Ce renversement des rôles me dérangeait.

Je pense maintenant que le sentiment de vulnérabilité définit l’expérience du patient. Et puisque l’expérience du patient est devenue mon expérience, je comprends maintenant combien cette vulnérabilité est pesante.

Rétrospectivement, je me rends compte que c’était dans les moments d’interaction sincère que j’étais le plus à l’aise. Quand mes docteurs, mes infirmières et mes radiothérapeutes me traitaient comme une personne et une partenaire de mes soins, je me sentais forte, autonome et entière. Quand on me traitait comme une patiente, j’avais le sentiment qu’on s’occupait de moi sans pour autant se soucier de moi. La différence est subtile mais significative.

Les patients pensent que le personnel infirmier va faire son travail et fournir les soins qu’on lui confie. Ce n’est que quand le personnel infirmier les traite comme des partenaires sur le chemin sinueux de la maladie que les patients peuvent se détendre entre ses mains. C’est à ce moment-là que le sentiment de vulnérabilité disparaît.

De retour au travail, je suis une meilleure infirmière. Ma nouvelle compréhension de la condition de patient en est la cause. Je me donnais déjà tout entière dans mon travail d’infirmière avant d’avoir un cancer, mais je tiens maintenant compte des nuances de l’expérience des patients dans ma pratique. Je fournis des soins plus riches et plus personnels grâce à des interactions sincères, avec une meilleure compréhension du réconfort qu’elles apportent. Je suis plus présente comme infirmière.

Sans que je m’en rende compte, ma vie est revenue à la normale et, tout à coup, le cancer semble très loin. Avec le temps, mes cicatrices s’effaceront et les souvenirs de mon expérience deviendront vagues, mais je ne veux pas oublier ce que j’ai appris. J’aime beaucoup ce que je fais. Je suis compétente et bienveillante, et maintenant, je suis équipée pour être une meilleure infirmière.


Andra Cardow, B.Sc. inf., inf. aut., a travaillé comme infirmière en soins intensifs au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Elle travaille à temps plein au Casey House Hospital, à Toronto, et également de façon occasionnelle aux soins intensifs du Mount Sinai Hospital.

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