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Les soins de longue durée au Canada, en chiffres

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2011/06/01/in-it-for-the-long-term

Les soins infirmiers de longue durée offrent une carrière stimulante

juin 01, 2011

Cela peut être intimidant, voire terrifiant, pour quiconque envisage une carrière dans les soins de longue durée (SLD) d’apprendre que le ratio peut être de 50 ou même 100 patients par infirmier ou infirmière. Pourtant, beaucoup de collègues qui travaillent dans ce domaine trouvent leur métier gratifiant professionnellement et personnellement. C’est le cas de Josie Ryan et James D’Astolfo. 

Directrice de In Care Living at Northwood, un établissement de soins prolongés d’Halifax, Mme Ryan, fait valoir le nombre de débouchés professionnels pour ses collègues qui choisissent ce domaine. « Nous avons des infirmières et infirmiers d’hospice et de santé du travail, des IP, des infirmières et infirmiers gestionnaires et chefs de file, des superviseurs d’installations et des éducateurs. On peut débuter comme infirmière soignante, puis passer à autre chose. »

James D’Astolfo, un infirmier autorisé qui travaille en SLD à Toronto depuis qu’il a fini ses études en 2007, pense que beaucoup de débutants évitent ce domaine parce qu’ils ont l’impression que seuls les infirmières et infirmiers qui ont fait un programme de diplôme y travaillent : « Plusieurs voient ça comme des emplois de deuxième zone où on risque de régresser professionnellement », déplore-t-il. M. D’Astolfo insiste sur le fait que ce n’est pas le cas et explique que le personnel infirmier dans ce domaine doit mettre en application toutes ses compétences pour évaluer les patients et pour soutenir les familles et communiquer avec elles, souvent plus que dans les services de soins de courte durée.

Les soins de longue durée au Canada, en chiffres

Nombre d’établissements publics et privés en 2007 : 2 577
Nombre de lits en 2007 : 217 969
Nombre estimé de résidents d’ici 2031 : de 560 000 à 740 000
Nombre d’infirmières et infirmiers autorisés travaillant en soins de longue durée 2009 : 25 433
Pourcentage d’infirmières et infirmiers autorisés travaillant en soins de longue durée en 2009 : 9,9 %
Nombre d’infirmières et infirmiers autorisés certifiés par l’AIIC en soins infirmiers en gérontologie en 2010 : 2 118

Sources : Association canadienne des soins de santé, Institut canadien d'information sur la santé, AIIC

Selon une importante étude sur les établissements de soins prolongés réalisée par l’Association canadienne des soins de santé, le personnel qui réussit dans ce domaine partage certaines caractéristiques comme l’empathie, la patience et le désir d’apprendre et d’aider les autres à mieux vivre. Pamela Slobodesky, infirmière consultante en soins palliatifs en hospice à Northwood, prévient cependant que « ce n’est pas une sinécure. Comme beaucoup de nos résidents sont très malades, c’est assez difficile. On apprend très vite à se connaître. On doit pouvoir compter sur ses compétences et ses connaissances et, pour certaines personnes, les responsabilités peuvent être trop lourdes. » Pour réussir dans ce travail, il est indispensable d’être organisé et de savoir identifier les priorités, ajoute-t-elle.

La composition de l’équipe de soins est tout aussi importante. Dans la plupart des établissements de soins prolongés, une infirmière ou un infirmier autorisé supervise le personnel infirmier auxiliaire autorisé (IAA) et les préposés aux services de soutien à la personne, le groupe d’employés le plus nombreux dans le service. La collaboration interprofessionnelle est à la base du modèle de soins, chaque membre de l’équipe travaillant au maximum de ses compétences. Bien que chaque résident ait un médecin attitré (ou son médecin personnel), c’est le personnel infirmier qui est sur place jour et nuit. Il s’occupe des évaluations, de la planification des soins, des horaires et de la consignation aux dossiers. Les soins infirmiers comme les soins de la peau et des plaies, l’administration des médicaments, l’alimentation par sonde, les soins pour les stomies et l’assistance respiratoire sont planifiés et effectués par des IA et des IAA. Ils supervisent aussi les préposés, qui s’occupent habituellement de l’hygiène des résidents et les aident à aller à la toilette, à s’habiller et à s’alimenter. Des nutritionnistes, des travailleurs sociaux, des pharmaciens, des physiothérapeutes et des ergothérapeutes complètent l’équipe et sont partie intégrante, même si c’est de façon intermittente, des soins fournis à la plupart des patients.

L’un des rôles les plus importants du personnel infirmier, bien qu’on l’oublie souvent, est de communiquer avec les résidents et leur famille. De nos jours, avec les soins centrés sur le patient, les membres des familles participent plus qu’avant aux soins de leurs proches. Ils posent souvent plus de questions qu’autrefois, ils veulent participer aux soins physiques et être informés des modifications des soins et de l’évolution de l’état de santé. Certains établissements ont mis en place des conseils de famille, un mécanisme formel pour leur permettre de parler de leurs inquiétudes et de participer à la planification des programmes et des établissements. Du fait de l’engagement des familles, on a maintenant moins besoin de bénévoles. À titre d’exemple, à Northwood, ces cinq dernières années, de nombreux résidents en train de mourir sont veillés par leurs proches pour qu’ils ne soient pas seuls pendant leurs dernières heures. Auparavant ce rôle était assumé par des bénévoles formés en soins palliatifs.

Pas seulement des personnes âgées

Selon Statistique Canada, en 2006, près de 25 000 personnes de moins de 65 ans vivaient dans des foyers de soins spéciaux : maison de soins infirmiers, foyer pour personnes âgées ou établissement de soins de longue durée ou pour malades chroniques. En raison d’un traumatisme crânien, de sclérose en plaques ou d’un grave handicap, ces personnes étaient incapables de vivre chez elles, même avec de l’aide.

L’évolution vers des soins fournis par la famille signifie que les personnes âgées restent chez elles le plus longtemps possible. Au Canada, la grande majorité d’entre elles, 93 %, vivent dans un logement privé, chez elles ou chez des parents. Malgré tout, en 2007, selon les estimations, plus de 230 000 personnes âgées vivaient dans des établissements de soins prolongés. Notre population devant atteindre 35 millions d’habitants au cours des 30 prochaines années et le nombre de Canadiens de 85 ans ou plus devant doubler au cours des 15 ans qui viennent, la demande pour des lits de soins de longue durée ne peut qu’augmenter. C’est souvent les premiers signes de démence ou l’incontinence qui font que ces personnes doivent être admises dans des centres de SLD. La démence atteint 8 % des personnes âgées de plus de 65 ans, et sa prévalence augmente avec l’âge : plus de 35 % des gens de 85 ans et plus en sont atteints. Le pourcentage de résidents nécessitant des soins complexes – dialyse, transfusion et aspiration endotrachéale – va en augmentant.

Ces nombres en disent long sur le besoin en professionnels enthousiastes et consciencieux intéressés par ce domaine longtemps considéré comme étant de seconde zone. Selon M. D’Astolfo, les étudiants n’ont pas assez d’occasions de découvrir le milieu des soins prolongés. « Il faut davantage les éduquer pour qu’ils envisagent une telle carrière, et il faut aussi augmenter le nombre de stages offerts. » Si certains croient qu’il faut avoir de l’expérience en soins intensifs avant d’envisager de travailler en SLD, d’autres maintiennent qu’avec un bon soutien et des mentors, beaucoup de leurs jeunes collègues intelligents et soucieux d’accroître leurs compétences peuvent très bien réussir.

Ce sont les résidents qui ont attiré Evelyn Sutherland vers les SLD. « J’adore les malades gériatriques, confie la gestionnaire des soins infirmiers à Northwood, et je tiens à défendre leurs droits. » L’idée erronée selon laquelle le passage des soins intensifs aux soins prolongés est pour le personnel infirmier une façon de ralentir un peu la fait rire. « J’en ai vu qui disaient “Je viens ici parce que c’est plus facile”, comme si ça allait être une semi-retraite. Rien n’est moins vrai. » Elle ajoute que c’est un réel privilège de pouvoir prendre soin de ceux qui se préparent pour le voyage le plus important de leur vie : « leur congé céleste ».


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